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 L'art délicat de la traduction

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MessageSujet: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 11:08

Certains ici ont traduit ou ont l'intention de traduire des AVH amateures, voire parfois des LDVELH pro mais de manière officieuse (par exemple les derniers  Défis fantastiques à l'époque où Gallimard Jeunesse n'envisageait par de les publier).

Mais : traduttore, traditore, « traduire c'est trahir ». La traduction est un art délicat.

Traducteurs amateurs ou pro, cette discussion vous est dédiée.
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cdang
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 11:32

En fait, l'envie de créer un fil est venue de la discussion suivante à propos du Défis fantastiques : Défis sanglants sur l'océan (Andrew Chapman, trad. Jean Walter), du 4 au 6 octobre 2016 :
oriounga a écrit:
A propos de ce livre, il me semble avoir lu que la traduction était complètement différente du texte original et que le traducteur avait même inventé et rajouté des éléments qui n'étaient pas dans le texte anglais.
Gief a écrit:
Yep. A titre d'exemple, le paragraphe de fin. En anglais, il fait deux trois lignes des plus sèches. En vf, sans parler du fait que la traduction a plus de charme, il y a même un ajout, le héros disant à Abdul : « et si on rejouait aux dés ? » Et c'est une fin très cool, faisant écho au paragraphe d'intro où il est dit que le héros et Abdul, rival, et plus ou moins ami, avaient l'habitude gagner des fortunes et de les perdre sur un coup de dés, car ainsi va la vie de pirates. Smile

Avec Le Pirate des Sept Mers, un autre LDVELH à posséder plutôt en VF !
Albatur a écrit:
Pour une fois que la traduc semble meilleure que la VO…
linflas a écrit:
Comme le Dieu Perdu d'ailleurs.
oriounga a écrit:
Je n'ai pas lu le texte anglais, mais de mémoire, celui qui en avait fait la critique expliquait que le traducteur avait changé beaucoup de choses, mais il me semble qu'il ne disait pas qu'il avait amélioré le livre.
Milos a écrit:
Une traduction est toujours libre, surtout lorsque l'on part de l'anglais : du mot à mot serait ridicule une fois en français. Pour avoir eu les deux versions en main, je peux toutefois en attester, Seas of Blood a été incroyablement modifié, des paragraphes entiers manipulés, adaptés au (clichés) pirates. Je suis pour une part de libre interprétation lors du translate puisque je le pratique moi même dans mes articles de Titan notamment, mais pas à ce point.
Gief a écrit:
On est d'accord : normalement, c'est quelque chose à ne surtout pas faire. Pour le coup, traduire ici est vraiment trahir.
Mais je pense que Gallimard s'en fichait à l'époque de la fidélité au style de l'auteur original (ce n'était pas supposé être de la grande littérature), et à mon sens, quoique son travail soit contestable, le traducteur a essayé de donner plus d'intérêt à la lecture d'un auteur à l'imagination et à la plume très sèches, malheureusement.
Mais je comprends que ça puisse être considéré comme un sacrilège !

Oriounga : tu pourrais m'indiquer la critique en question ? Un tel avis m'intéresse !
oriounga a écrit:
@ Milos : quand mon TOEIC a été financé et que j'ai passé trois mois à étudier l'anglais presque sept heures par jours, la formatrice, qui avait été professeur d'anglais et de français et aux États-unis, de même que professeur d'anglais et de français en France, nous expliquait que quand elle avait travaillé comme interprète auprès d'ambassadeurs, le responsable leur avait expliqué que quand un diplomate d'adresse à un autre diplomate, il faut traduire le mot exact, avec la nuance exacte.
Quand j'étudiais l'anglais, pour mon DEUG d'anglais, à la fac d'Aix, les cours les plus ardus étaient ceux de thèmes et de versions. Nous devions nous en tenir au texte, tout en respectant le ton, le niveau de langue, la musicalité. Bien entendu nous ne traduisions jamais du mot à mot, mais nous ne devions pas inventer ou ajouter des éléments qui n'étaient pas présents dans le texte de départ.

Dans le cas de Défis Sanglants sur l'océan, apparemment le traducteur avait inventé des choses et rajouté des éléments qui n'apparaissaient pas dans le texte d'origine et là c'est clairement une trahison.  

Puis, il y a ce témoignage de Mona de Pracontal :
ALIN V a écrit:

[…] j’eus la réponse à la question qui avait motivé ma prise de contact avec elle. À savoir le pourquoi de tant de modifications dans la saga d'Astre d'Or. À l'époque le cahier des charges de l'éditeur était clair : on s'adressait à des enfants, non à des adultes. Le texte et les noms devaient être lisibles, compréhensibles et prononçables pour des ados français de l'époque, ils devaient leur parler. D'où ces changements qui peuvent sembler étranges maintenant. Ce n'est d’ailleurs pas les seuls livres où l'on peut constater ce phénomène. Une dizaines d'années plus tard (pour les LS) le public avait grandi et le contexte n'était plus le même, les noms « anglais » étant devenus beaucoup plus audibles.

Et puis, je découvre que Gief a fait de la traduction pro, je n'ai donc qu'une envie, c'est qu'il nous fasse profiter de son expérience, s'il veut bien ^_^

À titre personnel, j'ai participé à la traduction allemand → français de Das Schwarze Auge/L'Œil noir 5 (à paraître chez Black Book Éditions), et j'ai pu m'apercevoir d'un certain nombre de problèmes, qui m'ont amené à fouiller un peu le sujet.

À titre personnel, ma réflexion est alimentée par :

  • une réflexion de Delarmgo qui, il y a quelques années, déclarait que « le traducteur est un auteur » (c'était plus je pense dans le contexte de la notion de droit d'auteur, mais à la base la réflexion est intéressante) ; en particulier, le traducteur est quelqu'un chargé d'écrire un texte en français (ou plus largement dans la langue cible), cette notion devient évidente lorsque l'on travaille avec des francophone d'une autre culture (français/belges/québécois/…) ou avec une personne dont la langue maternelle n'est pas le français (par exemple un anglais parlant français et qui ferait de la trad anglais → français) ; se pose aussi le problème de la retraduction : la traduction d'un texte est soumis au droit d'auteur pour le traducteur, y compris quand la VO tombe dans le domaine public ou quand les droits changent de main mais que la traduction ne fait pas partie du paquet négocié (genre Megara récupère les droits sur la VO de Way of the Tiger mais pas sur le texte VF de La Voie du tigre qui reste chez Gallimard) ;
  • le texte de Sandy Julien « Les 5 trucs : Star wars FFG » sur Tartofrez « Les 5 trucs : Star wars FFG » sur La pin Marteau (17 septembre 2014), à propos des traductions anglais → français qu'il a faites (notamment du jeu de rôle Star Wars de FFG pour Edge) ; l'article traite plus de la relecture, mais aborde notamment le problème des tournures spécifiques ;
  • les notions de « sourciste » et « cibliste » :

Citation :
Écoles de pensée

Selon l'école de pensée cibliste, il est nécessaire de privilégier l'exactitude des propos au détriment de la stylistique, lorsque cela s'impose. Pour « faire passer son message », la traduction devra parfois remplacer les éléments culturels du texte original par des exemples équivalents, mais mieux connus des lecteurs de la culture d'arrivée. Le plus important demeure le « sens » du message que tente de véhiculer l'auteur. Le traducteur doit d'abord faire passer ce message de manière idiomatique et naturelle pour le lecteur en langue d'arrivée, tout en demeurant fidèle au langage, au registre et au ton employé par l'auteur du texte dans la langue de départ.

Selon l'école de pensée sourcière, le traducteur a la responsabilité de demeurer strictement fidèle à la forme du texte original. Le traducteur devra donc reproduire tous les éléments stylistiques de l'original, employer le même ton, laisser tous les éléments culturels intacts et même (à l'extrême) contraindre la langue d'arrivée à prendre la forme dictée par le texte de départ. Le traducteur sourcier veillera en premier lieu à ne pas trahir le véhicule employé par l'auteur, et tâchera ensuite de bien restituer le sens du message.

[…]

Critiques de la traduction

Pour obtenir une traduction « intelligente », « sensée », il convient d’oublier non les connaissances acquises à l’école ou à l’Université, mais les normes des correcteurs. L’un voulait qu’une version latine sentît le latin, et il fallait donc écrire « un glaive d’airain », un autre estimait que dans une version réussie on ne devait pas pouvoir deviner la langue d’origine et il conseillait « une épée de bronze » ; on se rendit compte par la suite que l’un et l’autre avaient à la fois raison et tort et que leur seul défaut était de présenter leur exigence comme une vérité absolue.

  • avec cela vient la notion d'euphonie, un nom agréable à entendre dans une langue ;
  • et la réflexion d'Astre*Solitaire sur un autre forum, qui signale le texte de Bernard Hœpffner, « Traduire les « Blue Devils » ou le double-bind du traducteur », Transatlantica, 2005 « Couleurs d'Amérique » :

Bernard Hœpffner a écrit:
Quand, il y a vingt ans, je me suis engagé dans la profession de traducteur littéraire, c’était avec l’idée que les mots rares et compliqués, comme suffraginous, trifistulary ou piaculous, allaient me rendre la tâche difficile, mais je sais maintenant qu’ils ont leurs équivalents exacts en français : suffragineux, trifistulaire, piaculaire ; et c’est devant les mots apparemment les plus simples de la langue que je bute, des mots comme table, house, red, blue. […]

Lorsque le traducteur se trouve devant un mot prétendument difficile, un mot savant, sesquipédalien, souvent d’origine latine ou grecque — piaculous, pour reprendre celui que j’ai cité plus haut — , une recherche dans le Webster’s ou dans le OED indiquera le plus souvent que les connotations du mot sont extrêmement réduites — le mot n’a pas été usé par l’usage. Une fois trouvé l’équivalent français, on verra que, dans cette langue, les connotations ne sont pas plus nombreuses et qu’elles sont en général les mêmes. Toutefois devant un mot simple, souvent monosyllabique, comme blue, les définitions et les exemples du dictionnaire couvrent des pages et des pages, et il devient impossible de juxtaposer les connotations dans les deux langues. C’est-à-dire que plus un mot est simple, court, courant, usité, usé même, plus il miroite de sens, plus il chatoie, plus il prend, dans chaque langue des connotations différentes, extrêmement différentes, et chaque fois qu’un traducteur se voit obligé de traduire blue par bleu, il devrait sentir qu’il est, sinon dans le contresens, du moins dans le faux sens. [...]

[À propos de l'expression blue devils] Ne faudrait-il pas en fait — et la question n’est pas rhétorique — traduire par « idées noires » ? Traduire blue par noir ?


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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 13:05

Très intéressant !

Ma première participation au topic consistera à revenir sur mon échange avec oriounga à propos de Défis sanglants sur l'Océan. Je n'avais pas développé davantage, parce qu'il s'avérait que nos points de vue étaient fondamentalement différents (donc incompatibles), et que je ne souhaitais pas donner tort aux arguments d'autorité (ses profs, etc.) auxquels il avait recours, parce que ce n'est pas poli, et qu'ils n'ont pas tort eux non plus : simplement ils parlent de type de traduction différente, qu'on ne peut pas généraliser à tout type de traduction.

Mais puisque le sujet intéresse, je vais développer davantage.

Oriounga parlait de traduction en fac d'anglais, par exemple : celle-ci exige la traduction la plus fidèle à la source, que ce soit les nuaces de sens, ou de construction grammaticale, car il s'agit de prouver au professeur que l'on a tout saisi, et que l'on ne modifie pas des passages juste pour ne pas se confronter à des difficultés. Cette position sourciste tient au fait que le professeur s'intéresse avant tout à évaluer la connaissance de la langue de l'étudiant.

Il parlait aussi de diplomatie. Là aussi, on s'en doute, il s'agit d'être extrêmement fidèle, pas forcément à la syntaxe, mais en tout cas particulièrement aux moindres nuances de sens. La diplomatie est affaire de nuances, et la moindre trahison de ce côté peut provoquer des drames. Il est impératif d'être sourciste dans ce contexte-là.

J'ajouterai un troisième cas (parmi les plus évidents qui me viennent à l'esprit), c'est la traduction d'une oeuvre "littéraire", en tant qu'objet reconnu par l'université comme digne d'analyse. Ici, le moindre mot, la moindre virgule de l'auteur compte, et il est normale de vouloir lui être le plus fidèle possible.
C'est d'ailleurs pour ça que récemment, l'auteur-traducteur David Camus a retraduit (excellemment ! mais hélas, il n'en fera pas d'autres) plusieurs récits de Lovecraft, les traducteurs d'origine n'ayant pas compris ou voulu respecter le style de l'auteur, qui se trouve au final méconnaissable dans leur version. Dans le même ordre d'idée, Patrice Louinet, spécialiste mondial de Conan, a retraduit l'oeuvre en se basant sur les manuscrits authentiques de l'auteur, et non sur les les premières publications américaines, beaucoup modifiées par l'éditeur (du vivant de l'auteur) et des auteurs ultérieurs (après la mort de l'auteur). => lorsqu'une oeuvre est considérée comme éminemment littéraire, elle devient un objet sacré, que les traducteurs s'efforcent de respecter au mieux.

Mais le cas dont je parlais est celui qui est le plus courant dans la littérature de divertissement. Le but n'est pas de respecter l'oeuvre d'origine. L'intention est cibliste. Le but de l'éditeur est de proposer l'oeuvre la plus propre à connaître le succès, et cela passe par l'adaptation à la culture du lectorat-cible (exemple, dans mes traductions Minecraft, j'ai transposé le système scolaire canadien en système scolaire français, plus parlant pour les [jeunes] lecteurs. Et si l'oeuvre d'origine est mauvaise à certains points de vue, on a licence de l'améliorer. Par exemple le style: ce que s'est libremement permis Yannick Surcouf dans les LDVELH, tout simplement parce que son style était à mille lieues supérieur à celui des auteurs d'origine. Et je lui en sais gré d'ailleurs, en tant que lecteur. Ou encore, dans un projet que j'ai refusé, à savoir le roman basé sur le film Batman vs Superman, on m'avait spécifiquement demandé d'améliorer le style et de rajouter de l'humour, parce que le livre dont ils avaient acheté les droits, ils le trouvaient franchement naze de ce point de vue, et que si ça pouvait être corrigé dans la VF, les ventes ne s'en seraient que mieux portées.

Bref, c'était la version longue de mon intervention précédente sur le sujet. :p
Citation :
On est d'accord : normalement, c'est quelque chose à ne surtout pas faire. Pour le coup, traduire ici est vraiment trahir.
Mais je pense que Gallimard s'en fichait à l'époque de la fidélité au style de l'auteur original (ce 'était pas supposé être de la grande littérature), et à mon sens, quoique son travail soit contestable, le traducteur a essayé de donner plus d'intérêt à la lecture d'un auteur à l'imagination et à la plume très sèches, malheureusement.
Mais je comprends que ça puisse être considéré comme un sacrilège !

Merci pour la confirmation de Mona de Pracontal d'ailleurs !


Dernière édition par Gief le Mer 19 Oct 2016 - 13:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 13:06

Pour ce qui est maintenant de mon expérience propre (participation au projet L'Œil noir 5, traduction d'un chapitre de 103 650 signes).

Mon principal problème a été en fait que je n'ai pas fait d'étude de langue et civilisation allemandes. L'allemand est juste ma première langue vivante, et j'ai fait un stage de 4 mois là-bas. À l'origine, c'était un projet de traduction amateure de la version bêta (qui était distribuée gratuitement), je me suis donc positionné comme comprenant plutôt bien l'allemand, ayant la prétention d'avoir un français écrit de bon niveau (en dehors de, euh, quelques étourderies orthographiques), connaissant très bien le jeu de rôle en général, et pas trop mal L'Œil noir en particulier.

Ma démarche a donc été simple : je comprend une phrase, je la réécris en français comme je l'aurais écrite moi-même. Ça marche bien parce qu'en terme de langue, on est plus dans l'allemand technique que littéraire. On retranscrit des procédures — les règles —, l'important est donc d'avoir un style clair, sans ambiguïté.

Au passage, je me suis permis parfois de sabrer : l'auteur disait parfois deux fois la même chose dans deux phrases successives, voire parfois dans la même phrase ! Et j'ai eu confirmation par mon frère, qui vit à Berlin, que les Allemands ont en général un style plutôt pourri et structurent assez mal leurs textes : alors que nous on apprend les sacro-saints « introduction — développement — conclusion » et « thèse — antithèse — synthèse » au lycée, eux ont des cours pour ça lorsqu'ils doivent rédiger leur… rapports de master…

Par rapport à l'anglais, l'allemand a une spécificité : c'est une langue à déclinaison (« flexionnelle » disent les spécialistes). En français, quand j'écris « Un chasseur a tué un lapin. », il s'agit d'une affirmation (phrase assertive si on veut faire le malin) ; le sujet est en première position, le complément d'objet est après le verbe. La position du mot indique sa fonction. Si je change les positions, je change radicalement le sens de la phrase : « Un lapin a tué un chasseur. »

Sur ce point, le français est une langue assez rigide, même s'il existe une certaine souplesse :
Maître de philosophie a écrit:

On les peut mettre premièrement comme vous avez dit : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour. Ou bien : D'amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Vos yeux beaux d'amour me font, belle Marquise, mourir. Ou bien : Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d'amour me font. Ou bien : Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d'amour.
Yoda a écrit:

Personne par la guerre ne devient grand.
Pour l'exemple tiré du Bourgeois gentilhomme, la fonction des mots est indiquée par des prépositions comme « de/d' », « par », et par l'usage d'articles possessifs comme « vos » ou du réflexif « me ». Dans le cas de L'Empire contre-attaque, il n'y a qu'un seul nom… On remarquera toutefois que ces tournures sont inhabituelles et ont un effet comique ou mystique.

Mais en allemand, les noms se déclinent, ils changent de forme en fonction de leur rôle. Ainsi, dans la phrase « ein Jäger hat einen Hase getötet. », je sais que Jäger (chasseur) est le sujet car il est précédé de ein (nominatif), et je sais que Hase (lapin) est complément d'objet car il est précédé de einen (accusatif). Et ainsi, je peux changer l'ordre des mots sans changer le sens de la phrase : « einen Hase hat ein Jäger getötet. » signifie la même chose, même si le style est différent : on le traduirait plutôt par « C'est un lapin qu'un chasseur a tué. », mais on n'a pas échangé l'auteur et la victime. L'allemand a donc intrinsèquement une grande souplesse.

Au passage, j'ai ainsi découvert la notion de topologie en linguistique (étude de la place des mots dans la phrase, avec des trucs horribles genre la Satzklammer, priez les dieux pour ne jamais avoir à utiliser ce concept).

Ainsi, pour nos esprits français conditionnés par l'ordre des mots, certaines phrases allemandes paraissent obscures ; par contre, l'exercice de s'attacher à la forme du mot et d'accorder moins d'importance à sa place est naturelle pour les locuteurs de langues flexionnelles (comme nos amis néerlandophones par exemple).

Dans le même genre, un exemple plus courant est la fréquence de l'utilisation de la forme passive : le passif est utilisé assez souvent en anglais et en allemand, mais assez peu en français. On est donc, au final, en permanence en train de tordre les phrases.

Ceci mis à part, le problème sourciste/cibliste apparaît assez rapidement. En effet, le jeu original est écrit en allemand, il y a donc beaucoup de noms propres allemands, et de noms communs spécifiques à la culture germanique (sans équivalent direct en français). Mais les pays d'Aventurie (le monde de L'Œil noir) ne sont pas « germanoïdes » (contrairement à Warhammer par exemple) ; l'allemand est la langue naturelle des auteurs et lecteurs, il faut donc que le texte paraisse naturel pour un francophone : on est typiquement dans du ciblisme. Je prendrai quatre exemples de difficultés que cela a posé :

  • Die reisende Kaiserin : ce terme est une référence évidente, pour un Allemand, à Charlemagne ; Charlemagne, empereur franc, dont l'empire recouvrait entre autres les actuelles France et Allemagne, est donc une référence commune à nos deux culture ; cependant, il semble qu'en Allemagne, on mette en avant (à l'école ?) le fait que cet empereur n'avait pas de cour fixe mais se baladait de palatinat en palatinat, ce qui est assez peu connu des Français qui retiennent pour leur part plutôt Aix-la-Chapelle ; il m'a fallu quelques discussions sur un forum allemand pour comprendre ça et trouver la traduction « impératrice itinérante » ;
  • Gestechrüstung : Rüstung est une armure, il m'a fallu quelques recherches pour savoir que Gestech est un tournoi typique du monde germanique, sans équivalent en français ; au final, en creusant encore un peu il s'agit d'une armure spécialement conçue pour les tournois : renforcée pour éviter au maximum les blessures, mais trop lourde pour être fonctionnelle à la guerre ; « armure de tournoi », donc ;
  • les noms propres : détecter les mots ayant un sens et retranscrire ce sens, le sens étant parfois une référence interne à l'Aventurie (par exemple Feqz est une référence à Phex, Rabenmarkt est une référence au corbeau, symbole du dieu Boron) ; rendre prononçables les noms (par exemple le « j » allemand que l'on retranscrit comme un « y » ou un  « ï »), modifier phonétiquement pour que cela sonne plus « naturel » (euphonie) ; nous avons passé de nombreuses et longues sessions de téléréunions à nous mettre d'accord ;
  • un des pays, l'Empire Horas, a une culture s'approchant de l'Italie de la Renaissance ; les auteurs ont donc utilisé des mots à consonance italienne qu'il faut évidemment garder ; sauf que c'est de « l'italien de cuisine » et que certains mots, s'ils sonnent « classe » pour un Allemand, peuvent paraître un chouïa ridicules pour un francophone car le français est très proche de l'italien.

Mais il faut aussi savoir être sourciste : s'agissant d'une univers de type médiéval-fantastique, le vocabulaire doit emprunter au médiéval et à la fantasy et ne pas faire trop moderne.


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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 14:52

Intéressant ce fil de discussion sur la tracution ! (ce serait mieux ici que dans l'Atelier sur RDV1 ? Mr. Green)

Avec un pro comme Gief ou des amateurs très productifs comme Bruenor, ce serait peut-être utile d'avoir un comparatif stylistique sur une traduction bien précise. Une application concrète de la théorie sur un extrait d'AVH anglophone.
Pourquoi avoir conservé ici la tournure passive et là non, utilisé tel synonyme plutôt qu'un autre, francisé tel nom propre ou l'avoir laissé, joint deux phrases en une ou au contraire avoir marqué une pause, etc.

Par exemple, le début de Nightshade de Mark Lain qui n'a pas été retenu pour les Chroniques de Titan ?
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 15:01

linflas a écrit:
Intéressant ce fil de discussion sur la tracution !
Maaaaa, c'est ce que j'écrivais : « en dehors de, euh, quelques étourderies orthographiques »

Tant pis, ça fera partie de mes casseroles Laughing

linflas a écrit:
ce serait mieux ici que dans l'Atelier sur RDV1 ?
Le problème principal pour moi est que RDV1 est filtré du taff Embarassed
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 15:07

Oui, moi aussi ! Sombre histoire de DNS dynamique Wink

Voici le texte de l'intro de Nightshade :

The ritual is complete. You are finally free! After enduring two hundred years of torment in the Sircarstone, the accursed rock that has been your prison since your physical form was destroyed by that glorified conjuror Yaztromo who somehow bested you, your thirst for revenge is unquenchable. The foul pestilence that is the force of pure good fills you with such intense rage that you must not hesitate in setting about your work of purification.
But even in the euphoric haze created by your liberation, you know the limitations of having no tangible presence. To wreak the havoc of your vengeance you must find a physical form to act as a new host body. However, the ritual has taken almost three hours to complete leaving you with little time to find a body to occupy before dawn. As a lesser demon your ability to survive outside the demonic plain is limited to times of darkness only and exposing your non-physical self to daylight will destroy you instantly. That is, at least, until the hordes of the underworld over-run the earthly plain once and for all, then darkness will reign for all eternity.
For the moment you can exist only by night, but once you can find a human host to act as your vessel you are free to roam the earthly plain at least without fear of daylight.
Time is short.
NOW TURN OVER
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 16:28

Pour la dernière phrase, je propose : « MAINTENANT LE CHIFFRE D'AFFAIRE » Laughing
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 16:41

Miam, un bon sujet comme je les aime.
Par contre, cher cdang, une petite question :
la tracution, c'est traduit de quelle langue et ça veut dire quoi ?

_________________
DFix vous propose les principaux DFs rééquilibrés avec une HAB calculée en fonction de la difficulté de chaque DF :
https://www.la-taverne-des-aventuriers.com/t3251-projet-dfix-premiers-resultats
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 18:10

cdang a écrit:


Ma démarche a donc été simple : je comprend une phrase, je la réécris en français comme je l'aurais écrite moi-même. Ça marche bien parce qu'en terme de langue, on est plus dans l'allemand technique que littéraire. On retranscrit des procédures — les règles —, l'important est donc d'avoir un style clair, sans ambiguïté.

Au passage, je me suis permis parfois de sabrer : l'auteur disait parfois deux fois la même chose dans deux phrases successives, voire parfois dans la même phrase !

Quand je "tracute" Mr. Green, je pratique un peu de la même façon, les répétitions présentes en VO j'essaye de les éviter au maximum en VF et je n'hésite pas à supprimer des incohérences ou des petits passages trop invraisemblables (je repense à un passage des règles de l'Ascension des Ténèbres où le héros était décrit en train de courir sur l'eau après un bateau pour illustrer le fait qu'il allait vite lorsqu'il possédait le talent associé).

J'attache par contre une grande importance à respecter les points de règle (mon côté gamer sans doute) et à les retranscrire dans les normes des DF. Et les corriger si besoin lorsque des coquilles sont présentes en VO.

Donc d'après les définitions que cdang a fournies, je serais plus un cibliste qu'un sourciste, mon but est de fournir une AVH la plus agréable possible à jouer et lire sans coller de manière exacte à la virgule près au texte d'origine. Etant donné que ce sont des traductions que je fais de mon propre chef, elles sont sûrement différentes de ce que j'aurais pu faire si on m'avait demandé par exemple à mon travail de traduire le plus fidèlement possible un texte.


cdang a écrit:
Dans le même genre, un exemple plus courant est la fréquence de l'utilisation de la forme passive : le passif est utilisé assez souvent en anglais et en allemand, mais assez peu en français. On est donc, au final, en permanence en train de tordre les phrases.

ça c'est clairement ce que j'ai eu le plus de mal à gérer au début, maintenant c'est plus naturel mais il m'arrive encore de buter sur certaines tournures passives avant que mon cerveau finisse péniblement par remettre tout ça dans le bon ordre. Je trouve aussi qu'en anglais il y a beaucoup de séries de phrases courtes qui ne rendent pas très bien en VF (exemple grossier : Vous ouvrez la porte. Vous rentrez dans la pièce. Vous êtes attaqué par un monstre.) et je m'efforce de les fusionner pour rendre ça plus fluide.
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 18:21

cdang a écrit:
Au passage, je me suis permis parfois de sabrer : l'auteur disait parfois deux fois la même chose dans deux phrases successives, voire parfois dans la même phrase !
Tracuter : charcuter sa traduction.
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 19:43

cdang a écrit:
Bernard Hœpffner a écrit:
suffragineux, trifistulaire, piaculaire... sesquipédalien...

Nan mais c'est dégueulasse Shocked

Antiphonaire ! Zut, voilà que ça me prend aussi.


cdang a écrit:
Certains ici ont traduit [...] des LDVELH pro mais de manière officieuse (par exemple les derniers Défis fantastiques à l'époque où Gallimard Jeunesse n'envisageait par de les publier).

Là encore, c'est dégueulasse que certains agissent ainsi.


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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 20:22

Dans la traduction, pour moi l'important est de respecter "l'esprit" de l'auteur, de réussir à faire passer dans notre langue son approche du récit. Et cela passe par des distorsions, notamment concernant les phrases courtes dont parle Bruenor. J'étais bien embêtée au début de traduire une phrase en anglais par deux phrases en français. Mais le résultat est parfois meilleur alors je ne me gêne plus, et d'autant moins qu'il ne s'agit que de traductions amateurs de textes eux aussi amateurs.
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyMer 19 Oct 2016 - 22:07

Quelques réflexions dont je me souviens de mes cours de traduction anglais/français:
- en anglais la répétition du même nom tout au long d'un texte n'est pas un problème alors qu'en français c'est considéré comme une lourdeur de style. (exemple: si dans une phrase je dis "le président des Etats-Unis", dans la suivante je vais dire "le locataire de la Maison Blanche").
- la richesse en anglais est plutôt dans la variété des verbes, et en particulier des verbes d'action; en français elle est plutôt dans les noms ou les adjectifs... du coup forcément les nuances sont délicates à reproduire dans un sens ou dans l'autre.

Pour le chinois c'est plus rigolo encore: il n'y a pas de temps à proprement parler, c'est une langue hyper-contextuelle alors que le français veut tout définir (le temps, le nombre, le genre, etc...). Du coup c'est très compliqué de rendre les ambiguïtés volontaires. Et sur les effets de style c'est encore plus casse-tête: en chinois on peut faire des jeux de mots graphiques ! Du coup, concernant l'humour ça me fait penser à une remarque de notre prof d'anglais sur la traduction d'Asterix chez les Bretons en anglais... toutes les blagues tombent à plat, vous imaginez le défi ! Eh bien elle nous disait que le travail du traducteur était remarquable même s'il n'était, et pour cause, pas du tout fidèle au texte d'origine.
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyJeu 20 Oct 2016 - 12:56

Bruenor a écrit:

Quand je "tracute" :mrgreen
Au passage, si un modo pouvait modifier le titre histoire qu'on retrouve plus facilement le sujet (mais uniquement pour cette raison, hein  Mr. Green )

Dagonides a écrit:
Bernard Hœpffner a écrit:
trifistulaire...

Nan mais c'est dégueulasse Shocked
Si c'est une trifistule anale, c'est sûr que c'est peu ragoûtant…

Sinon, à propos de jeux de mots, un article intéressant sur la manière dont ont été tracuits les nom des Pokémons :
http://www.liberation.fr/apps/2016/06/pokemon/
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyJeu 20 Oct 2016 - 13:57

Normalement, tu dois pouvoir éditer ton premier post et donc en changer le titre.
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyJeu 20 Oct 2016 - 14:17

MarkTwang a écrit:

Tracuter : charcuter sa traduction.
Néologisme accepté ! Splendide ! cheers

cdang a écrit:
Bruenor a écrit:

Quand je "tracute" :mrgreen
Au passage, si un modo pouvait modifier le titre histoire qu'on retrouve plus facilement le sujet (mais uniquement pour cette raison, hein  Mr. Green )
Oh tu sais, je trouve dommage de perdre l'origine de la création d'un néologisme. Dans quelques années, quand tracuter fera son entrée dans le Larousse, des étudiants en français viendront sur le forum en pèlerinage pour remonter jusqu'à la source étymologique, et se convertiront en masse vers la litteraction. Pour l'avenir des ldvelhs, de nos enfants et au nom de la traçabilité, je rejette ta demande Mr.Red


linflas a écrit:
Normalement, tu dois pouvoir éditer ton premier post et donc en changer le titre.
Mais chut alors ! Tu tiens à te faire tracuter ou quoi ?

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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyJeu 20 Oct 2016 - 16:12

Oh non la tracution a disparu Sad Sad Sad
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyJeu 20 Oct 2016 - 17:33

Bruenor a écrit:
Oh non la tracution a disparu Sad Sad Sad
Après délibérations du staff, la tracution est dorénavant classée au patrimoine des monuments historiques du forum.
La tracution aura donc un statut particulier et elle sera désormais protégée.

Considérant la demande de ravalement du titre du sujet par Mr cdang, et craignant qu'un particulier dénature par des travaux cette façade dorénavant classée, nous avons protégé la tracution en l'immortalisant dans le sous-titre du sujet, à l'abri des intempéries ou des ravalements intempestifs :

L'art délicat de la traduction
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyJeu 20 Oct 2016 - 17:34

L'est où, l'tracuit' ? T'inquiète, tu peux continuer à écrire tracuiter en souvenir.
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyJeu 20 Oct 2016 - 17:46

Tiens je me disais : les traducteurs historiques des LDVELH suivaient-ils l'histoire ? Ca me semble logique de procéder ainsi mais avec les incohérences rencontrées très souvent, je me demande s'ils ne traduisaient pas bêtement les numéros dans l'ordre !
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyJeu 20 Oct 2016 - 19:24

Je me demandais aussi si parmi eux il y en a qui aimaient les ldvelh ou s'ils faisaient ça simplement pour avoir une source de revenus ?
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyJeu 20 Oct 2016 - 20:33

Moi j'tracuis dans l'ordre numérique... et dans un deuxième temps je corrige la tracution en jouant, car avec cette méthode il y a forcément des ratés.

Les tracuteurs Gallimard, pour autant que je me rende compte, ce n'étaient pas des stagiaires ou des seconds couteaux, Gallimard mettait ses tracuteurs émérites à la tâche : Dame Pracontal, Sieur Robillot... Je suppose que certains faisaient ça avec curiosité ou amusement, d'autres avec une neutralité alimentaire - et il y avait de la passion, puisque l'un ou l'autre a écrit ses propres LDVEH par la suite.
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyVen 21 Oct 2016 - 10:46

Ah bon, il y a des tracuteurs qui ont fait des ldvelh ? En fait, je me disais que c'était dommage que parmi les nostalgiques de la taverne il n'y ait pas (à ma connaissance) des auteurs ou des traducteurs de l'époque historique. Ce serait vraiment intéressant de pouvoir échanger avec eux (comme l'extrait d'interview de Mona de Pracontal).
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MessageSujet: Re: L'art délicat de la traduction   L'art délicat de la traduction EmptyVen 21 Oct 2016 - 11:41

Tracuteur est un métier. Et en fait, ça dépend je pense du statut du tracuteur.

Si c'est un pigiste, il accepte ou refuse le contrat, ça dépend du taff qu'il a déjà dans son panier et des relations qu'il veut cultiver avec l'éditeur.

Si c'est un salarié, on lui dépose un dossier, il le traite. Je ne sais pas s'il y a beaucoup de tracuteurs salariés (le milieu de l'édition n'étant pas vraiment réputé pour la stabilité de ses emplois), mais pour une grosse boîte comme Gallimard c'est pas impossible.

Après, l'image poétique du travailleur qui choisit les tâches qu'il traite en fonction de ce qui l'éclate… Bon, après, manifestement, il y en a qui se sont bien marrés quand même. Comme le Xanthic Horror qui devient un « Chernobyl Glaireux » dans Le Siège de Sardath, et il paraît que les Bhanariens qui chantent La Marseillaise dans un LS
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