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| L'art délicat de la traduction | |
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Auteur | Message |
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Dagonides Maître d'armes
Nombre de messages : 2840 Date d'inscription : 13/04/2012
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Ven 25 Aoû 2017 - 17:38 | |
| J'avais cru comprendre que Bernard Hoepffner parlait de faire violence au français dans le corps du récit, et là ça me gênerait. Comme dit, j'ai lu des tracutions dont le récit était maladroit, et on justifiait ça par le dépaysement, la couleur locale, le respect du rythme de la langue-source, le fait de tirer le lecteur vers la langue d'origine... D'accord pour tout ça, mais comme on dit, l'enfer est pavé de bonnes intentions : à force de vouloir être subtil, fidèle, inventif, etc. le risque est de verser dans le charabia... *** C'était la minute chauvine de Dagonides, qui ne prétend pas avoir le dernier mot sur la question. *** Toutefois... s'il ne s'agit que de mettre des familiarités françaises dans un dialogue déjà familier en VO, là évidemment je suis OK, ça va sans dire. Exemple : la suite de Percy Jackson. Dials entre ados, ton léger, familiarités qui du coup se justifient et sont drôles. Avec de belles trouvailles verbales de la tracuteuse, Mona de Pracontal (oui, une ancienne des LDVEH). Albatur, la baisse dramatique de voca : raison de plus pour garder un certain niveau de correction dans les VF Dans le récit si ce n'est dans le dialogue. Espérons que le cas connu (et calamiteux) du Club des Cinq reste une exception. Rapide recherche Google : Bernard Hoepffner est mort noyé en mai 2017. Triste, pour le coup | |
| | | cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5422 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Lun 28 Aoû 2017 - 13:31 | |
| Bah, en ce moment, ça a l'air de s'écharper un peu sur la nouvelle traduction de Clark Ashton Smith (Vik a peut-être quelques détails là-dessus ?), autour notamment de comment rendre son style si particulier.
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| | | cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5422 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Jeu 19 Oct 2017 - 17:36 | |
| Un billet intéressant de Lionel Davoust. Pas consacré à la tracution, mais il aborde le sujet. Ça aurait pu figurer dans la discussion sur les conseils aux auteurs et autrices mais ça parle plus de littérature en général que de celle qu'on lit dans le désordre. Or donc : Lionel Davoust, « On n'écrit (et on ne traduit) que du hors texte », LionelDavoust.com, 19 octobre 2017 - Lionel Davoust a écrit:
- La définition la plus claire du métier d’écrivain – en tout cas, celle avec laquelle je me sens le plus en accord – m’a été donnée par Bruce Holland Rogers dans une interview que je lui proposais (et qui sera publiée un jour) :
- Citation :
- Mon art réside dans le choix de mots qui engendreront un effet attentivement étudié.
Ce que j’interprète comme : écrire consiste à gouverner les émotions du lecteur (éventuellement avant qu’il ne s’en rende compte). Soit : il ne s’agit pas tant de prêter à voir que de donner à rêver ; il ne s’agit pas de raconter simplement ce que les mots disent, que d’évoquer et déployer sensations et images dans l’esprit du lecteur en n’employant que l’outil du vocabulaire […]. Ce sont, évidemment, les rôles fondamentaux de la comparaison, de la métaphore… Mais cela va plus loin : cela porte avant tout au travers de ce que l’on ne dit pas. Roger Zelazny, grand maître de l’épure, raconte qu’il a commencé à vendre des textes professionnellement quand il a cessé d’expliquer les choses à son lecteur mais les a laissées émerger du contexte du récit […]. Tous les auteurs ou presque disent que le lecteur fait la moitié du travail, car il construit ses images, ses représentations et son univers au fil de sa découverte ; l’une des difficultés, et peut-être des marques de l’expérience, consiste pour l’auteur à lui en laisser la place. En d’autres termes, l’auteur apprend d’abord à dire, puis, surtout, il apprendrait à en dire le moins possible, et au contraire à laisser habiter.
[…] Or doncques, l’autre jour, il m’est apparu avec une absolue clarté que traduire, ça n’est que traduire le hors-texte. Celui qui traduit seulement les mots, comme celui qui écrit seulement les mots, n’a rien compris à l’exercice. Il s’agit de traduire les fonctions du langage qui créent les atmosphères, les sons, les ressentis, les émotions – et c’est cela, par le biais des outils stylistiques, syntaxiques et de civilisation, qui doit rester identique autant que faire se peut. C’est là que l’on sait si la distance est adéquate avec l’original ; quand il faut s’approcher, quand il faut s’éloigner, pour rester paradoxalement fidèle à l’esprit. Mais les mots peuvent changer, du tout au tout si c’est parfois nécessaire. Ils ne sont pas importants par eux-mêmes. C’est pourquoi la traduction littéraire restera toujours une affaire d’êtres humains, car c’est une affaire de sensibilité ; du moins, le jour où les IA seront capables de faire la même chose, la société aura muté d’une telle manière que l’humanité affrontera des bouleversements probablement bien plus fondamentaux que la survie de la profession.
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| | | Dagonides Maître d'armes
Nombre de messages : 2840 Localisation : Grand Est Profession : BG de la côte Est Date d'inscription : 13/04/2012
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Dim 25 Fév 2018 - 10:53 | |
| @ayms & sly (voir le topic sur C. Degolf) : pour ma part je suis assez admiratif du travail de traduction de C. Degolf, qui sait rester globalement littéral mais avec élégance... et se permet de temps en temps un peu de hors-piste, de sur-traduction bienvenue quand il s'agit d'étoffer, de préciser, voire de faire un clin d'oeil (dans Le Sang des Zombies par exemple). Si j'avais un petit reproche à faire, ce serait le fait de ne pas tenir compte des noms des lieux / créatures déjà traduits dans des oeuvres précédentes, notamment les DF (ce n'est que mon humble et personnel avis). Je suppose que C. Degolf traduit les paragraphes dans l'ordre numérique, partant du principe que l'auteur a veillé au bon enchaînement et à la non-contradiction. Je n'ai pas de lumières sur le contact entre auteur et traducteur pour les livres-jeu ; je ne pense pas qu'il y ait de dialogue, mais c'est à vérifier. Je sais que pour les romans, il peut y avoir un échange avec l'auteur, c'est en tout cas ce que j'ai lu dans l'interview d'une traductrice de polars. A mon niveau d'amateur amateuriste (faut être honnête), j'ai attaqué les paragraphes dans l'ordre numérique, puis fait le jeu pour tester l'enchainement. Pas de contact avec l'auteur. Je précise que je suis assez moyen (voire mauvais) en anglais et que je me contente de saisir le sens global d'un groupe de phrases, puis de réécrire en français. Du coup je dois faire de belles fautes, allant plus loin que la distinction entre « porte entrouverte » et « porte complètement ouverte » que tu évoques, ayms. Je ne recule pas trop devant la sur-traduction, refaire les dialogues, ajouter un petit effet... Ce qui déplaira aux puristes et ils ont sans doute raison. J'assume totalement le rôle du traducteur "traître", c'est limite si je ne travaille dans la pénombre avec une petite moustache, un pardessus douteux et un oeil sournois. En ricanant. Je suis partisan d'amener le texte au lecteur, et non le lecteur au texte. C'est pour ça que j'aime assez la démarche de Jacques Papy qui coupait, modifiait quand il sentait que c'était nécessaire pour le public français et l'efficacité. Comparer par exemple sa traduction nette des Montagnes hallucinées de Lovecraft avec celle, plus fidèle mais loooongueeee et alambiquée de François Bon (il est vrai que les deux ne se basent pas sur le même texte-source : Papy travaille sur une version parue avec rewriting dans Weird Tales, version peu appréciée par Lovecraft lui-même ; Bon utilise les brouillons de Lovecraft avant rewriting, où le texte est plus long et répétitif). J'espère avoir répondu aux questions posées Je suis curieux de savoir ce que Bruenor ou Fitz en pensent, eux qui traduisent davantage et sans doute plus finement. | |
| | | sly Maître d'armes
Nombre de messages : 1915 Age : 49 Localisation : Dieppe Profession : spy Loisirs : Neil Young, The Cure, ... Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Dim 25 Fév 2018 - 21:09 | |
| Merci Dagonides pour tes révélations surprenantes et même par certains endroits amusantes (ton niveau d'anglais). | |
| | | Fitz Maître d'armes
Nombre de messages : 846 Age : 47 Profession : assassin royal Date d'inscription : 17/10/2007
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Lun 26 Fév 2018 - 12:15 | |
| Oh moi ma seule traduction est celle d'un seul LDVLH et en bulgare, donc je ne suis pas très expert en la matière! Skarn par contre a un excellent niveau d'anglais et fait plusieurs traductions, il pourrait apporter un autre éclairage sur le sujet.
Mais oui il vaut mieux avoir un bon niveau en français et un moyen en langue étrangère que l'inverse pour faire une bonne trad' dans notre langue. Evidemment, l'idéal c'est d'être bon dans les deux! Par contre, si le niveau en langue étrangère n'est pas excellent (comme mon bulgare qui est très perfectible), on peut passer à côté de subtilités de langage. Pour un LDVELH d'un niveau standard, basé dans un contexte connu (le medfan par exemple), ça passe. Mais si l'on a affaire à beaucoup de jargon contemporain, de "street language", ou à l'inverse à du vieil anglais (ou autre langue source), ça se complique sérieusement pour l'amateur. Le pire, c'est si on doit traduire un texte d'un très haut niveau littéraire.
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| | | ALIN V Fléau des Héros
Nombre de messages : 9099 Age : 51 Localisation : Hammardal Loisirs : déchiffrer les étranges signes contenus dans les bulles des BD Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Lun 26 Fév 2018 - 12:40 | |
| Je me retrouve dans le traducteur (très) amateur qu'évoque Dagonides. Tout comme lui mon niveau d'anglais n'est pas folichon. Ainsi concernant les deux livres que j'ai traduits je me suis surtout reposé sur ma connaissance de l'univers Marvel plutôt que sur mes (pas du tout) solides bases d'anglais. Je me suis donc permis moi aussi quelques enjolivements (du moins j'espère qu'ils sont jolis) et rectificatif (essentiellement concernant les mécanismes du jeux et les enchainements des paragraphes). Par contre j'ai traduit en réalisant en parallèle l'arborescence des livres et donc dans le sens de l'histoire. Cela m'a permis de détecter plus facilement les erreurs de la VO. Javais également eu l'idée de traduire éventuellement le Daredevil mais un coup d’œil aux premiers paragraphes où l'on trouvait du jargon juridique m'a stoppé net (peut être également l'impression que le livre pouvait être bien médiocre ;-). | |
| | | cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5422 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Lun 26 Fév 2018 - 15:39 | |
| Comme vous, quand je traduit, je comprend la VO puis je réécris en français dans mon style propre ; n'est pas tracuteur pro qui veut.
C'est une démarche typiquement cibliste (le cible étant… nous-même).
En revanche, Je pense qu'il vaut mieux suivre l'enchaînement des sections plutôt que traduire dans l'ordre numérique : un mot imprécis, un pronom, peut faire référence à un élément présent dans la section précédente, ce qui peut mener à des incompréhensions. Et puis, ça permet de tracer le graphe au fur et à mesure et donc repérer les points sensibles : les jonctions (le texte devant être compatible avec les différentes sections précédentes possibles), les endroits où on trouve les objets, les endroit où on les utilise (qu'ils aient le même nom).
Au minimum, la relecture devrait se faire dans l'ordre de la fiction. | |
| | | Dagonides Maître d'armes
Nombre de messages : 2840 Localisation : Grand Est Profession : BG de la côte Est Date d'inscription : 13/04/2012
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Lun 26 Fév 2018 - 18:13 | |
| @Fitz : très d'accord ! @Cdang : la relecture est le premier moment où je joue réellement le LDVEH dans l'ordre du jeu. Je sais bien que ce n'est pas la meilleure manière de faire, mais j'y trouve des avantages... D'une, le côté "cartésien", quand j'en suis encore à "tracuter" je me fixe l'objectif de 10 paragraphes par jour sans réfléchir, dans l'ordre où ils se présentent. Ça force à avancer régulièrement sans se noyer dans des questions autres. De deux, comme ça à la relecture-correction, j'ai la surprise de découvrir le jeu, ce qui en fait un exercice moins aride
Dernière édition par Dagonides le Ven 2 Mar 2018 - 9:38, édité 1 fois | |
| | | linflas Architecte du Forum
Nombre de messages : 2791 Age : 50 Localisation : Lille, France Profession : IT crowd Date d'inscription : 14/05/2008
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Lun 26 Fév 2018 - 22:09 | |
| Just my 2 pence. Pour mon remake improbable de la Galaxie Tragique, je pars de la VO du jeu de Tin Man, puis consulte la VF de 1983 pour voir si je n'ai pas trop dérivé et j'en recupère deux ou trois expressions de temps en temps. Par contre, je suis dans le profil inverse du Dago (que je rappelerai demain parce que là j'ai dessin ce soir), j'ai un bon anglais technique mais le français coince un peu. | |
| | | sly Maître d'armes
Nombre de messages : 1915 Age : 49 Localisation : Dieppe Profession : spy Loisirs : Neil Young, The Cure, ... Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Mar 27 Fév 2018 - 15:29 | |
| Content d'apprendre que tu lâches pas l'affaire Linflas de ton remake de la Galaxie Tragique | |
| | | linflas Architecte du Forum
Nombre de messages : 2791 Age : 50 Localisation : Lille, France Profession : IT crowd Date d'inscription : 14/05/2008
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Mar 27 Fév 2018 - 15:38 | |
| C'est pas mal en standby depuis le début d'année | |
| | | Fitz Maître d'armes
Nombre de messages : 846 Age : 47 Profession : assassin royal Date d'inscription : 17/10/2007
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Mar 27 Fév 2018 - 19:26 | |
| A propos de traduction, je viens de trouver une autre raison pour laquelle les tomes 25 et 26 de LS me paraissent moins bons que les précédents. Je les relis en ce moment et trouve la traduction déplorable (répétitions, expressions comme « il y’a »...). Et que vois-je? On passe de Nicolas Grenier à un certain Thomas Simon. Aucun hasard... je suppose que Gallimard ne l´a pas payé cher. | |
| | | cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5422 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Jeu 1 Mar 2018 - 13:47 | |
| Je signale ici une petite plaquette de la Société française des traducteurs (SFT). Ça ne nous concerne pas directement (c'est destiné aux entreprises qui ont des textes à traduire pour leur communication interne ou externe, publicité, rapports… du français vers une langue étrangère) mais un certain nombre de points abordés sont intéressants : « Traduction : faire les bon choix » http://www.sft.fr/clients/sft/telechargements/file_front/479740b47b157.pdf
Dernière édition par cdang le Ven 2 Mar 2018 - 10:47, édité 1 fois | |
| | | Fitz Maître d'armes
Nombre de messages : 846 Age : 47 Profession : assassin royal Date d'inscription : 17/10/2007
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Jeu 1 Mar 2018 - 20:59 | |
| @ Dagonides: je fais exactement comme toi pour la relecture. En y jouant pour concilier révision du gameplay et correction littérale. Ou comment transformer le penible en fun ! | |
| | | Dagonides Maître d'armes
Nombre de messages : 2840 Localisation : Grand Est Profession : BG de la côte Est Date d'inscription : 13/04/2012
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Ven 2 Mar 2018 - 9:28 | |
| @Fitz : j'applique justement en ce moment même, un niveau du Temple de Katak chaque soir ! @Cdang : on aurait dû offrir cette plaquette aux patrons de la piscine où je vais, en Allemagne... Dans l'escalier du nouveau toboggan, en grandes lettres pimpantes (allemand / anglais / français) : « Plus que 30 étapes ! » (30 marches) J'aime bien la page de la plaquette SFT intitulée « Faire appel à un copain prof ? Très risqué ! » Ainsi que les questions à se poser (toujours d'après cette brochure) : objectif, niveau de langue, cible ? grand public ou professionnels ? anglais britannique ou américain ? espagnol européen ou sud-américain ? (j'ai envie d'ajouter : catalan ou castillan ?) les termes techniques, si simples que ça à traduire ? (souvenir du voca des armes à feu et des pièces de moteur pour un texte en relecture : arghhhh !) Et dernier grand mystère : les règles typographiques qui varient d'un pays à un autre...
Dernière édition par Dagonides le Ven 2 Mar 2018 - 14:23, édité 1 fois | |
| | | cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5422 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Ven 2 Mar 2018 - 10:55 | |
| Sinon, pour que vous puissiez valoriser votre bénévolat (c.-à-d. estimer la valeur de ce que vous produisez alors que vous ne touchez rien), j'invite à lire l'enquête rémunération 2016 de l'Association des tracuteurs littéraires de France : http://www.atlf.org/profession-traducteur/remuneration/enquete-remuneration/ par feuillet de 25 lignes (une ligne contenant 60 signes, blancs compris), les tarifs anglais/français vont de 12,5 EUR à 45 EUR avec une médiane vers 20 EUR. Attention, un feuillet ce n'est pas 1 500 signes puisqu'il y a des notes de bas de page et des titres, c'est plutôt 1 000 à 1 300 signes.
Bon, c'est de la tracution littéraire, du haut de gamme.
Pour la presse, il y a un tarif au mot dans la langue source (c'est logique, la plus petite unité de sens dans une langue c'est le mot, le tracuteur ne tracuit pas des signes, il tracuit des mots, bon en fait des phrases voire même des paragraphes ou des textes paraît-il), là c'est 0,07 EUR à 0,20 EUR par mot. | |
| | | Dagonides Maître d'armes
Nombre de messages : 2840 Localisation : Grand Est Profession : BG de la côte Est Date d'inscription : 13/04/2012
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Ven 2 Mar 2018 - 14:28 | |
| Précision : témoignage d'un collègue dont la femme est tracuteuse (non littéraire) anglais > français, le nombre de mots ou signes n'est ni celui du texte VO ni celle de la tracution VF, mais une péréquation entre les deux. Pour éviter au tracuteur de "tirer à la ligne" comme les auteurs de romans-feuilletons du XIXe. Ou de se sentir floué, l'anglais étant plus compact que le français.
Cette dame est récemment passée de 9 à 10 centimes le mot après d'âpres négociations salariales. Brut ou net, mystère, mais dans les deux cas c'est dans la fourchette citée en bas de ton lien. | |
| | | cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5422 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Ven 2 Mar 2018 - 16:57 | |
| En fait, il n'y a pas de norme, c'est tout de l'ordre du contractuel. Certains tracuteurs sont payés au temps passé, certains au feuillet (donc plus ou moins à la page), d'autres à la ligne, d'autres au mot (dans une langue, dans l'autre, péréquation des deux). Et il y a des salariés qui sont donc payés au mois quelle que soit leur charge. | |
| | | cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5422 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Lun 12 Mar 2018 - 14:50 | |
| En discutant avec le camarade skald, j'ai eu l'idée de qwanter sur la traduction du russe. Et je suis tombé sur un texte extrêmement intéressant : Anne-Marie Tatsis-Botton, « Le Cauchemar du traducteur russe », La République {des livres}, 19 août 2014. La proximité des langues slaves fait qu'un lecteur russe peut comprendre une langue voisine, ce qui permet aux auteurs russes ou ukrainiens de jouer avec ça (écrire quelque chose de compréhensible mais avec une forte connotation culturelle). Par ailleurs, la liturgie orthodoxe un peu ancienne est en slavon, c'est un peu comme si les français comprenaient encore le latin et donc que les auteurs français émaillaient leurs textes de latin (sauf que le slavon a aussi une connotation cul-terreux). Vous voyez le casse-tête ? | |
| | | Caïthness ex-Lekhor
Nombre de messages : 1051 Age : 44 Localisation : Pays des Sushis Radioactifs Date d'inscription : 23/06/2006
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Lun 12 Mar 2018 - 15:42 | |
| - cdang a écrit:
- (sauf que le slavon a aussi une connotation cul-terreux).
Vous voyez le casse-tête ? heuh, like french and quebec language ? 'sti ! | |
| | | cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5422 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Lun 12 Mar 2018 - 17:50 | |
| Alors en fait ça me ferait plutôt penser à Le Chouette aveugle de Raoul Ruiz (1987). Dans ce film, un cinéma projette des films où l'on parle l'arabe tel qu'il a été retranscrit par les espagnols pendant Al-Andalus. Pour transposer ça, le film est sous-titré en occitan pour la version française, et en danois pour la version anglaise.
(Et, oui, Raoul Ruiz, c'est un grand malade. C'est quand même un mec qui a tourné L'Île au trésor avec Sheila !) | |
| | | cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5422 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Lun 24 Sep 2018 - 16:38 | |
| Appris au détour d'une discussion : dans le domaine du jeu de rôle, en France, l'ordre de grandeur pour une traduction anglais → français, c'est 7,50 EUR pour 1 500 signes soit 5 EUR pour 1 000 signes. | |
| | | linflas Architecte du Forum
Nombre de messages : 2791 Age : 50 Localisation : Lille, France Profession : IT crowd Date d'inscription : 14/05/2008
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Mer 24 Oct 2018 - 9:46 | |
| J'avais envie de faire un petit exercice de traduction (clame plat au taf en ce moment et je ne peux pas dessiner, sauf entre midi et 2) et c'est tombé sur cette mini-AVH de Kieran Coghlan "Feathers of the Phoenix". Histoire basique et difficulté quasi-inexistante. Ca se lit en 10 minutes. J'ai ajouté quelques règles alternatives et quelques illustrations, histoire d'égayer un peu la chose.
Dispo sur Littéraction : http://litteraction.fr/livre-jeu/les-plumes-du-phoenix
Il y a pas mal de réadaptations car, mot à mot, l'anglais sonne vraiment plat. Le plus difficile était de ne pas glisser dans l'excès comme on a pu le voir dans Défis Sanglants sur l'Océan. D'ailleurs, cette AVH a un lien assez fort avec ce DF !
Bonne lecture ! | |
| | | cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5422 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Sam 22 Déc 2018 - 22:31 | |
| Je suis tombé sur unpetit texte intéressant en préface d'un recueil de nouvelles dUrsula Le Guin, édité par Gérard Klein : Ursula Le Guin, coll. « Le livre d'or de la science-fiction », Presses Pocket (1978), ISBN 2-266-00490-5 - p. 27-28 a écrit:
REMARQUES SUR LA TRADUCTION
Francisation des noms propres de fantaisie.
Ursula Le Guin — dont j'ai déjà traduit quatre romans et le présent recueil de nouvelles — m'écrivit un jour :
« Puisque les noms propres ne sont qu'une adaptation anglaise d'un quelconque dialecte galactique, il n'y a aucune raison pour que vous n'en donniez pas vous-même une adaptation française. »
C'est ainsi que Semley devient Semlé — nom aussi joli que Semley est affreux en notre langue — et que Karhide devient Karhaïde.
D'autre part, je pense qu'en lisant ma traduction de Winter's King, ceux qui ont déjà lu La Main gauche de la nuit seront heureux de retrouver dans la nouvelle les noms déjà employés dans le roman avec l'approbation de Gérard Klein. C'est ainsi que Winter devient Nivôse.
De même dans La Règle des noms, Mr. Underhill devient M. Taupin (le nom galactique ou local suggérant sans doute, comme Underhill et comme Taupin, une créature vivant sous terre). Cela me permet de traduire : Mr. Underhill came out from under the hill par : M. Taupin sortit de sa taupinière, et : — Why do we call our wizard Mr. Underhill? — 'Cause he lives under the hill, par — Pourquoi appelons-nous notre magicien M. Taupin ? — Parce qu'il vit sous terre comme une taupe.
Jean BAILHACHE | |
| | | Merlinpinpin Fantassin
Nombre de messages : 69 Age : 49 Localisation : IDF Profession : Enseignant Loisirs : Photographie, Jeux en tous genres, Cinéma, débuter plein de choses... Date d'inscription : 08/05/2017
| Sujet: Re: L'art délicat de la traduction Dim 23 Déc 2018 - 20:41 | |
| J'aime bien l'idée de francisation des noms, en effet, lorsque cela apporte en élégance, musicalité ou poésie.
A noter que Underhill est aussi le nom d'emprunt de Frodon dans la première partie du Seigneur des Anneaux. http://www.tolkiendil.com/tolkien/etudes/correspondances_traductions
D'après cette page, les traductions en ont été successivement : Soucolline et Souscolline.
Sinon apparemment les dernières traductions privilégient "Frodo" (et "Bessac" au lieu de "Sacquet") mais j'avoue que j'ai une préférence pour la douceur de "Frodon" en français. Très subjectif, certainement... | |
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