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Sujet: Re: Parlons d'histoire Mar 31 Oct 2017 - 14:45
Petite précision (primordiale cependant) sur les fameuses Indulgences : très vite, elles devinrent payantes. Vous donniez une certaine somme à l'Eglise qui, en échange, vous remettait un document certifiant que vous étiez absous de vos fautes et péchés pour une durée donnée... Il y a même eu des barèmes afin de fixer le montant à payer en fonction de la faute commise. L'absolution contre du fric ou comment se donner bonne conscience tout en remplissant les caisses... Certes, toutes les Indulgences n'étaient pas forcément payantes. On pouvait en donner une par exemple à deux seigneurs qui acceptaient de faire la paix ou à un noble qui partait en Croisade. Mais bon, quand-même, il subsistait l'idée, le principe, de racheter (au sens financier ou pas) ses fautes et péchés.
Etant athée et même anticlérical, perso, je mets tout le monde dans le même sac. Mais sur le principe de dénoncer ce genre de pratiques, je peux comprendre la révolte de Luther.
Gorak Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Mar 31 Oct 2017 - 16:48
gynogege a écrit:
Malheureusement ? Tu as pris ton parti apparemment...
Pas du tout.
Je dis "malheureusement" parce que l'Eglise, si elle avait corrigé plus tôt les abus dont elle souffrait au lieu de réagir une trentaine d'années plus tard, aurait pu éviter cette scission.
Au lieu de cela, le monde chrétien s'est divisé et c'est dommage.
Mais, à cette époque, les hauts dignitaires de l'Eglise - à commencer par les papes - étaient davantage des princes qui préféraient le marbre de leurs palais et côtoyer les cours que de s'intéresser aux plus humbles dont ils avaient la bonne garde.
Je le répète : Luther ne voulait pas provoquer une rupture avec l'Eglise. Il voulait simplement entamer un débat de fond et corriger les abus, c'est tout. Il n'a pas été entendu et on l'a traité en hérétique. Tout dialogue était dès lors impossible.
Shadacool Protecteur
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Mer 15 Nov 2017 - 14:33
Je me permets d'intervenir au sujet de la discussion sur le protestantisme. Ce ne sont pas les éventuels abus de l’Eglise catholique qui ont engendré le protestantisme, ce sont des divergences profondes, d'ordre théologique, qui ont poussé une partie importante des Européens à adhérer aux thèses de Luther et, en France, de Calvin. Car il ne faut pas oublier qu'à cette époque, la spiritualité joue un rôle primordial dans la vie de chacun. Le peuple est alors dans l'incertitude par rapport à une question primordiale, celle du salut, et vit dans la crainte de la damnation éternelle. L'Eglise catholique est bien incapable, le plus souvent, d'y répondre comme il faut, de remédier à cette angoisse permanente. Ce dont prend conscience Martin Luther, et le problème des Indulgences est pour lui avant tout la goutte d'eau qui va le pousser à publier ses thèses. Mais en aucun cas il ne faut résumer l'émergence du protestantisme aux seules dérives de l'Eglise catholique de l'époque.
Pour résumer, car le but n'est pas ici de faire un article encyclopédique, les divergences entre catholiques et protestants portent sur trois aspects, la doctrine, le rapport à l'Eglise et le culte. Au niveau de la doctrine, si pour les deux religions, la source de la foi reste la Bible, les catholiques y ajoutent les textes apocryphes, rejetés par les protestants. Mais on note surtout une divergence fondamentale au niveau du salut. Pour les catholiques, l'homme peut choisir entre Bien et Mal, et accède au salut par la foi et par ses œuvres (dons, pénitences, culte des reliques...) Pour les luthériens et calvinistes, seule la foi lui permet d'accéder à la grâce divine, à la différence que chez les calvinistes, il s'y ajoute une notion de prédestinée (pas de choix entre le Bien et le Mal, Dieu connaît déjà la destinée de chaque individu dès sa naissance). Concernant les sacrements ensuite, au nombre de 7 chez les catholiques, on n'en a plus que 3 chez les protestants (baptême, Cène (eucharistie) et pénitence) et uniquement 2 chez les calvinistes (baptême et Cène). Enfin, toujours au niveau de la doctrine, le culte de la Vierge et des Saints, considéré comme de l'idolâtrie, est proscrit chez les protestants, seule compte la médiation du Christ. Clairement, les réformateurs protestants ont cherché à se rapprocher du Christianisme originel par l'exégèse biblique, en rejetant certaines doctrines issues des différents conciles.
Après, au niveau de l'Eglise, les protestants jugent qu'en tant que véritable demeure, elle est invisible des hommes, l'autorité romaine est ainsi rejetée (on voit même la création d'une Eglise d'Etat chez les luthériens). Il n'y a plus de clergé, le pasteur étant élu par la communauté des fidèles, et peut se marier (à noter que les prêtres catholiques pouvaient se marier jusqu'au XIIe siècle).
Enfin, concernant le culte, le temple protestant exclut radicalement les images, contrairement aux églises catholiques où elles abondent. De même, la liturgie, une messe en latin chez les catholiques, devient un office simple en langue vulgaire chez les protestants, donc compréhensible par tous. Et pour finir, la communion n'a pas la même symbolique chez les catholiques, les luthériens et les protestants, transsubstantiation physique chez les premiers, consubstantiation chez les seconds, transsubstantiation spirituelle chez les derniers.
Pour conclure, le but principal des réformateurs a été de revenir à ce qu'ils ont estimé être un Christianisme plus pur, plus accessible et plus proche de l'homme. Par la suite, la réaction de l'Eglise catholique donnant lieu au Concile de Trente n'a pas été de réformer l'Eglise d'une manière similaire mais au contraire d'affirmer ou préciser la doctrine déjà en place. La suite, on la connaît tristement, elle donna lieu aux terribles guerres de religion.
Voyageur Solitaire Voyageur
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Mer 15 Nov 2017 - 16:11
Rien à redire à tout ceci. Malgré tout, le rejet d'une certaine "forme" de l'Eglise, (hiérarchie, cour fastueuse, cérémonies grandioses, liturgie pompeuse...) est certainement à inclure dans la réaction que fût le mouvement protestant. On peut dire que ce dernier voulait revenir aux fondamentaux d'une certaine manière, à l'essentiel et que, au passage, ces manifestations extérieures, voyantes, furent prises dans le lot. La goutte d'eau qui fît déborder le vase ou l'hostie qui fît déborder le vin de messe, comme on veut. Il est vrai que pour simplifier, on a tendance à présenter Luther et les siens comme des "lanceurs d'alerte" qui se seraient dressés, idéalistes, contre une Eglise catholique automatiquement présentée comme corrompue et corruptrice. C'est aller un peu vite, c'est oublier que le Protestantisme était bien plus que cela et que personne n'est jamais tout noir ni tout blanc. Au-delà d'une Eglise peut-être pas toujours très catholique, il y avait aussi des religieux sincères fidèles aux enseignements et principes des Evangiles.
Après, les querelles internes sur le sexe des anges comme on dit sont une vieille affaire de famille dans l'Eglise. Dès les premiers temps antiques, les chrétiens se tapaient déjà sur la gueule avec enthousiasme : Basilide écrivait que Jésus s'était fait remplacer par Simon de Cyrène sur sa croix car un dieu ne saurait mourir, Valentin pensait que si le Christ buvait et mangeait comme tout le monde, sa part divine le dispensait d'aller faire pipi et caca... Rien d'inventé là-dedans et à l'époque, on n'hésitait pas à sortir les poignards et s'entretuer sur ce genre de questions, comme le prouve (avec un peu plus de sérieux quand-même) la querelle Arianiste qui empoisonna l'Orient romain, les conciles de Nicée et de Constantinople n'y faisant rien. Paul de Samosate avait déjà été condamné comme hérétique par le concile d'Antioche en 268 après J.C à peine... C'est quelque chose de commun à toutes les religions. Les fils de l'Islam ont connu et connaissent encore les rivalités sanglantes entre sunnites et chiites ou les divergences de mouvements soufis comme l'alevisme ou le mevlevisme (ce dernier à l'origine des fameux derviches tourneurs). De mémoire, je ne sais ce qu'il en est pour le judaïsme mais il doit bien y avoir des oppositions et courants en son sein également. Je dirais même que c'est un phénomène logique au sein d'une religion de voir apparaître des contre-courants ou des conceptions différentes.
Gorak Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Mer 15 Nov 2017 - 17:44
Voyageur Solitaire a écrit:
Dès les premiers temps antiques, les chrétiens se tapaient déjà sur la gueule avec enthousiasme : Basilide écrivait que Jésus s'était fait remplacer par Simon de Cyrène sur sa croix car un dieu ne saurait mourir, Valentin pensait que si le Christ buvait et mangeait comme tout le monde, sa part divine le dispensait d'aller faire pipi et caca...
A noter toutefois que ces querelles théologiques n'intéressaient qu'une infime minorité de chrétiens lettrés. La grande majorité du peuple était à mille lieues de tout cela. Concernant la Réforme, c'est la même chose. En France, tout est parti de quelques érudits réunis autour de l'archevêque Guillaume Briçonnet, on l'appelait le "Cercle de Meaux". Mais la majorité des Français, quasiment tous des paysans, se contentaient de suivre la tradition en écoutant leur curé. Curé qui, bien souvent, était aussi illétré qu'eux.
Avec la création des séminaires, lors de la Contre-Réforme catholique, le petit personnel ecclésiastique sera bien mieux formé.
Voyageur Solitaire Voyageur
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Mer 15 Nov 2017 - 18:24
Ces querelles n'étaient pas si anodines que ça et ont parfois dégénéré en émeutes, lynchages et autres règlements de compte. A Byzance, l'opposition entre iconoclastes et iconolâtres a fait couler le sang à flots avec tortures et exécutions. La querelle arienne a vite débordé pour devenir un véritable schisme (sinon on n'aurait pas convoqué deux conciles pour tenter de trouver une solution) sans parler, toujours à Byzance, du monophysisme qui a déchiré l'empire byzantin. Ou de l'orthodoxie qui a provoqué une scission également. Les gens de l'époque avaient la foi chevillée au corps et ne rigolaient pas avec ça. Ces idées se répandaient vite hors du cercle des lettrés et on s'arrangeait pour les faire savoir à ceux qui ne savaient pas lire : prêches, lectures publiques, prédications enflammés... En France, "l'affaire des placards" a mis fin à la politique de conciliation de François Ier et donné le signal des premières persécutions...
Gorak Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Mer 15 Nov 2017 - 19:38
Voyageur Solitaire a écrit:
Les gens de l'époque avaient la foi chevillée au corps et ne rigolaient pas avec ça.
Oui, mais c'est surtout parce que l'Eglise encadrait la vie quotidienne des gens. Du berceau à la tombe. Et cela a commencé avec le Grand Schisme d'Occident, à ce moment de l'histoire où des querelles avaient fait émerger jusqu'à cinq papes ! Pour le peuple, c'était une catastrophe : qui était le bon ? D'autant que chacun des papes jetaient l'anathème sur les autres et ceux qui leur étaient fidèles. Et comme à cette époque, on craignait pour le salut de son âme...
C'est d'ailleurs cette question du salut qui va animer la réflexion de Luther. Alors que des papes, de hauts dignitaires ecclésiastiques agissaient plus comme des princes pétris d'ambition personnelle et avides de gloire et de revenus, il y avait des chrétiens sincères qui attendaient des réponses.
Je crois que les Borgia furent quand même le pire de ce qui s'est fait dans la papauté... même si Alexandre VI, au final, n'était pas si mauvais qu'on l'a décrit (c'était un grand mécène et un fin connaisseur d'art, doublé d'un érudit) mais placer ses enfants et ses proches à des hauts postes, cela fait quand même un peu désordre quand on dirige l'Eglise...
Voyageur Solitaire Voyageur
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Mer 15 Nov 2017 - 21:31
Bah ! Le népotisme ne date pas d'hier et pas que dans l'Eglise. Sénèque (qui reste un grand philosophe à lire et relire) parlait d'austérité et de détachement en buvant son vin millésimé dans des coupes en or... Pour les Borgia, je me méfie de tout ce formidable déballage d'ordures sur cette famille, ça en devient suspect. Ils ne sont pas les premiers et ne seront pas les derniers noircis pour des siècles et il est souvent intéressant de gratter le vernis pour tenter de voir qui ils étaient vraiment. Mais c'est difficile tant la légende a bouffé les personnages...
Gorak Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Jeu 16 Nov 2017 - 1:04
Voyageur Solitaire a écrit:
Pour les Borgia, je me méfie de tout ce formidable déballage d'ordures sur cette famille, ça en devient suspect. Ils ne sont pas les premiers et ne seront pas les derniers noircis pour des siècles et il est souvent intéressant de gratter le vernis pour tenter de voir qui ils étaient vraiment. Mais c'est difficile tant la légende a bouffé les personnages...
Exactement. Mais il existe un excellent ouvrage qui réhabilite un peu cette famille : c'est "Les Borgia" de Marcel Brion.
Dans ce livre, les Borgia sont remis dans le contexte de l'époque, ce qui relativise justement la légende noire qui leur a été accolée. En fait, c'est toute l'Italie du XVe et XVIe siècle qui était gangrénée par la décadence des moeurs. Les Borgia étaient simplement des princes de leur temps.
De toute façon, à Rome, héritage antique je suppose, les vieilles familles étaient prêtes à s'entretuer pour obtenir toutes les charges et tous les pouvoirs. Et comme les Borgia étaient des étrangers à la base...
Shadacool Protecteur
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Jeu 16 Nov 2017 - 10:03
Gorak a écrit:
A noter toutefois que ces querelles théologiques n'intéressaient qu'une infime minorité de chrétiens lettrés. La grande majorité du peuple était à mille lieues de tout cela. Concernant la Réforme, c'est la même chose. En France, tout est parti de quelques érudits réunis autour de l'archevêque Guillaume Briçonnet, on l'appelait le "Cercle de Meaux". Mais la majorité des Français, quasiment tous des paysans, se contentaient de suivre la tradition en écoutant leur curé. Curé qui, bien souvent, était aussi illétré qu'eux.
Avec la création des séminaires, lors de la Contre-Réforme catholique, le petit personnel ecclésiastique sera bien mieux formé.
C'est exact, la Réfome a d'abord pris essentiellement chez les nobles, relativement nombreux à se convertir, qui entraînaient par la suite leurs paysans. De même, les curés convertis entraînaient leurs ouailles. Cependant, si le peuple était effectivement illetré, il faut garder à l'esprit qu'il était très dévôt à cette époque, la croyance en Dieu fait partie intégrante de la vie de tout un chacun, des paysans aux nobles, croyance très souvent mêlée de superstition. Dans ce contexte, la principale angoisse reste la crainte de la damnation, à laquelle la Réforme a su parfaitement répondre. Ceci, ajouté à la simplicité du culte et de l'Eglise (office en langue vulgaire, pasteur désigné par les fidèles, temples dépouillés) ont sans aucun doute attiré bon nombre de fidèles, même issus des plus basses couches sociales. Par ailleurs, si une diminution conséquente du nombre de protestants en France est avérée entre le XVIe et le XVIIe siècle, elle fut somme toute progressive et le retour au catholicisme ne fut jamais massif.
Voyageur Solitaire a écrit:
Ces querelles n'étaient pas si anodines que ça et ont parfois dégénéré en émeutes, lynchages et autres règlements de compte. A Byzance, l'opposition entre iconoclastes et iconolâtres a fait couler le sang à flots avec tortures et exécutions. La querelle arienne a vite débordé pour devenir un véritable schisme (sinon on n'aurait pas convoqué deux conciles pour tenter de trouver une solution) sans parler, toujours à Byzance, du monophysisme qui a déchiré l'empire byzantin. Ou de l'orthodoxie qui a provoqué une scission également. Les gens de l'époque avaient la foi chevillée au corps et ne rigolaient pas avec ça. Ces idées se répandaient vite hors du cercle des lettrés et on s'arrangeait pour les faire savoir à ceux qui ne savaient pas lire : prêches, lectures publiques, prédications enflammés... En France, "l'affaire des placards" a mis fin à la politique de conciliation de François Ier et donné le signal des premières persécutions...
Oui, en ce qui concerne l'Orthodoxie, il y avait à la fois un débat de fond théologique, mais également politique. Car si les orthodoxes refusent entre autre la primauté de l'évêque de Rome, prétextant que la raison invoquée par les catholiques pour celle-ci est fausse, c'est aussi parce que Constantinople est devenu le centre spirituel et politique de tout le sud-est de l'Europe.
Gorak a écrit:
Voyageur Solitaire a écrit:
Les gens de l'époque avaient la foi chevillée au corps et ne rigolaient pas avec ça.
Oui, mais c'est surtout parce que l'Eglise encadrait la vie quotidienne des gens. Du berceau à la tombe. Et cela a commencé avec le Grand Schisme d'Occident, à ce moment de l'histoire où des querelles avaient fait émerger jusqu'à cinq papes ! Pour le peuple, c'était une catastrophe : qui était le bon ? D'autant que chacun des papes jetaient l'anathème sur les autres et ceux qui leur étaient fidèles. Et comme à cette époque, on craignait pour le salut de son âme...
C'est d'ailleurs cette question du salut qui va animer la réflexion de Luther. Alors que des papes, de hauts dignitaires ecclésiastiques agissaient plus comme des princes pétris d'ambition personnelle et avides de gloire et de revenus, il y avait des chrétiens sincères qui attendaient des réponses.
Le peuple reste tout de même trés éloigné de Rome et n'est pas vraiment touché par les histoires entre papes. Il faut garder à l'esprit qu'à l'époque, il n'y a pas de médias pour nous parler du pape tous les jours. Le seul représentant de l'Eglise auquel la majorité des gens ont affaire, c'est le curé de la paroisse. Souvent peu formé (avant les séminaires décrétés par le Concile de Trente), il est souvent dans l'incapacité de répondre aux attentes de ses ouailles. Puis bon, la messe en latin... Il aura fallu bien longtemps pour que l'Eglise catholique se rende compte que pour faire passer un message, encore faut-il qu'il soit compréhensible.
Gorak Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Jeu 16 Nov 2017 - 15:06
Shadacool a écrit:
c'est le curé de la paroisse. Souvent peu formé
C'est pourquoi le curé était souvent assisté d'un vicaire qui s'occupait des tâches administratives de la paroisse, comme la tenue des registres paroissiaux, par exemple.
Quand les curés passeront par la case séminaire, par la suite, cela ira un peu mieux de ce côté-là.
Shadacool Protecteur
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Jeu 16 Nov 2017 - 17:45
Pour changer un peu de sujet, un anniversaire quasiment passé sous silence dans nos médias entièrement contrôlés par les capitalistes, c'est le centenaire de la Révolution d'Octobre, seconde phase de la Révolution russe. Celle-ci eût lieu en fait le 7 novembre 1917 de notre calendrier car les Russes, avant la Révolution, utilisaient encore le vieux calendrier julien de l'Eglise orthodoxe russe, selon lequel on était alors le 25 octobre.
Le communisme, tel que mis en place par Lénine, a fait couler beaucoup, beaucoup d’encre. Quoi qu’on en pense, cependant, il est toutefois bon de rappeler qu’auparavant, la Russie des tsars était alors le dernier régime autocratique d’Europe. Un régime extrêmement dur, dans lequel la population russe, en majorité constituée de paysans, vivait dans une grande misère. Lisez Tolstoï pour vous en convaincre, il en parle admirablement. Quoi qu’on en dise également, au départ, cette seconde phase de la Révolution russe a apporté un immense vent de changement, dans le bon sens. Le mot d’ordre des bolcheviks était alors « Tout le pouvoir aux soviets ! » et ils furent effectivement suivis par l’écrasante majorité de ceux-ci. Pour rappel, les soviets étaient les conseils d’ouvriers, de paysans ou de soldats, des organisations on ne peut plus démocratiques. Aujourd’hui, certains tentent de minimiser l’importance de la Révolution d’Octobre, en prétextant que celle-ci n’était qu’un coup d’Etat, que les bolcheviks n’ont pas agi de manière démocratique, etc. Des articles très subjectifs fleurissent sur la toile, des reportages peu soucieux de vérité historique sont diffusés (y compris sur Arte). Sauf qu’on ne peut nier les apports, innombrables, de la Révolution russe. Entre l‘abolition des grandes propriétés foncières et la redistribution des terres aux paysans, le contrôle ouvrier des usines, l’égalité entre toutes les nationalités de Russie, l’abolition de la peine de mort, la nationalisation des banques, la journée des huit heures, le passage au calendrier grégorien, la suppression des privilèges, la séparation de l’Eglise et de l’Etat… Tout cela deux jours à peine ! Comme l’écrivit si bien John Reed, le journaliste américain devenu bolchevik, les jours qui menèrent à cette révolution furent bien « dix jours qui ébranlèrent le monde ».
Compte tenu du fait que la Russie fut ensuite attaquée de toutes parts par les nations capitalistes et que Lénine, blessé au cours de cette guerre et fortement diminué, fut incapable de rétablir un régime démocratique qu’il avait laissé dériver, on ne sera pas surpris de lire une pléthore d’articles prétendant que la Révolution d’Octobre n’a été qu’un moyen pour un homme assoiffé de pouvoir d’arriver aux commandes. Depuis le « Livre noir du communisme », on a pu lire quantité d’écrits de la sorte, tendant à minimiser le caractère résolument progressiste de ce qui était une véritable révolution, la dernière en Europe à ce jour. Ce sont en fait les années de dictature stalinienne, qui ont suivi la mort de Lénine, qui ont en fait réellement terni, et pour longtemps, l’image de cet épisode de l’Histoire. Pourtant, la Révolution russe fut alors un formidable espoir pour les peuples opprimés. Aujourd’hui malheureusement, dans une époque où le capitalisme financier et l’exploitation règnent en maître absolu (pardon, il faut dire « économie de marché » pour être politiquement correct), on associe facilement communisme à stalinisme, en oubliant que pendant longtemps, le communisme représentait le courant le plus progressiste qui soit, en politique. De ce fait, n’ayant plus une véritable gauche digne de ce nom, on assiste à un véritable pourrissement des institutions, dans tous les pays. Je pense de ce fait que l’avenir, très incertain, verra sans doute le renouveau du communisme, sous une forme débarrassée de la bureaucratie qui a causé sa perte en Russie. Il faut parfois plusieurs décennies, voire plusieurs siècles, pour qu’un système d’idées révolutionnaire arrive à maturité. Et quoi de plus noble, au fond, que de désirer une société sans classe. Utopie ? Tout système politique idéaliste qui n’a jamais existé peut être considéré comme une utopie… jusqu’à ce qu’il voit réellement le jour.
Gorak Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Mar 21 Nov 2017 - 11:02
Le plus célèbre des psychopathes du XXe siècle vient de claquer.
Citation :
Charles Manson, gourou psychopathe qui avait commandité une vague d’assassinats aux États-Unis dans les années 1960, est mort hier soir à l’âge de 83 ans selon l’administration pénitentiaire californienne. Charles Manson avait notamment commandité le meurtre de l’actrice Sharon Tate, épouse de Roman Polanski. Sa condamnation à mort en 1970 avait été commuée en prison à perpétuité.
Charles Manson avait été condamné à mort avec quatre de ses disciples en août 1969 pour la mort de sept personnes. Leurs peines avaient ultérieurement été commuées en prison à perpétuité. Le gourou s’était gravé une croix sur le front, qu’il a transformée ensuite en tatouage de croix gammée.
Le psychopathe avait formé dans le désert californien pendant les années 1960 une communauté, la Manson Family. Il se prenait pour la réincarnation du Christ et avait fomenté une série de meurtres pour provoquer l’avènement d’une lutte entre Blancs et Noirs, dont il pensait que les premiers ressortiraient victorieux.
Bon séjour en Enfer et passe le bonjour à ton idole Hitler, crapule...
cdang Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Mar 21 Nov 2017 - 14:05
Marilyn est orphelin…
dav-ID Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Lun 27 Nov 2017 - 14:08
""Heureux mortel, quand tu me liras, je ne serais plus.""
Joachim Martin 1842-1897
Citation :
A quelques kilomètres d'Embrun dans les Hautes-Alpes, sur les bords du lac de Serre-Ponçon, jaillit soudain un château aux allures médiévales, le château de Picomtal. Au début des années 2000, les nouveaux propriétaires effectuant des travaux découvrent, au revers des planchers qu'ils sont en train de démonter, des inscriptions. Cent vingt ans plus, au début des années 1880, le menuisier qui a monté le parquet dans les différentes pièces s'est confié. L'homme sait qu'il ne sera lu qu'après sa mort. Il adresse un message outre-tombe et parle de lui, de ses angoisses, de sa famille, de ses voisins, faisant revivre une société villageoise confrontée au progrès économique matérialisé par l'arrivée du chemin de fer, mais aussi à l'avènement de la République. Mais c'est surtout quand il évoque les secrets des uns et des autres, quand il parle de sexualité, que Joachim Martin s'avère un témoin passionnant des moeurs souvent cachées de son temps. On dispose de peu de témoignages directs des gens du peuple, mais cette façon de s'exprimer est totalement inédite. Qui plus est ces confessions revêtent un caractère exceptionnel. A travers son témoignage, sur lui-même et son village, c'est ainsi toute une époque qui revit.
Je trouve que c'est une bien belle histoire...merci à Franck Ferrand et son émission de radio de m'avoir fait découvrir ce personnage...
Gorak Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Sam 30 Déc 2017 - 21:40
Qui était collabo, qui ne l'était pas ? On aura bientôt des révélations peut-être surprenantes...
Citation :
Une liste de 100 000 noms de collabos va être déclassifiée et rendue publique
À la libération, une liste secrète de 100 000 collabos a été dressée puis conservée dans des archives. Quittant le silence du secret, ces noms conservés durant soixante dix années vont être révélés au public. La majorité des personnes sont déjà passées devant un juge pour rendre compte de leurs actes.
Le 10 juillet 1940, qui marque le début de l’occupation allemande et le début du régime de Vichy, beaucoup de Français passent « de l’autre côté ». Quelques 95 000 industriels, comédiens, fonctionnaires, célèbres ou anonymes entament une collaboration avec les forces allemandes. Celle-ci est parfois idéologique, souvent économique. Maurice Papon, René Bousquet, le père de Philippe Bilger, préfet, faisaient parti des 2% connus des collaborateurs français.
Ces collabos se réclamaient souvent « nationalistes », mais n’étaient pas très pris au sérieux par les Allemands qui s’en servaient surtout pour faire pression sur le régime de Pétain. En effet, Hitler avait demandé à l’ambassadeur allemand en France de « tout faire pour susciter la division » en France, pour maintenir l’émergence de nationalisme un peu trop envahissant. Les collabos demeuraient ainsi largement détestés par leurs compatriotes.
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Sam 30 Déc 2017 - 21:48
En même temps 70 ans après on s'en fout un peu, c'est trop tard... Ce serait plus intéressant une liste des évadés fiscaux dans le monde sportif et de la politique.
Gorak Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Dim 31 Déc 2017 - 11:37
En plus, la plupart des personnes citées sur ces listes sont mortes pour la plupart. Donc, effectivement, on s'en fout. Ceci dit, c'est bien pour l'Histoire mais bon... y a t-il vraiment un intérêt historique ? L'Occupation, c'est une période de l'histoire de notre pays où il n'y avait pas les "bons résistants" d'un côté et les "méchants collabos" de l'autre. C'est plus complexe et surtout plus nuancé que ça. La majorité des Français était derrière le Maréchal Pétain, de toute façon. Et même si après l'entrevue de Montoire, certains ont commencé à s'interroger, le sentiment général était l'attentisme : que faire de plus ?
Les Français ont tous viré du côté de la résistance et du gaullisme qu'à partir du 6 juin 1944 et l'arrivée des Alliés. Et encore, puisque le 22 juin 1944, ils étaient nombreux à venir acclamer Pétain au balcon de l'hôtel de ville de Paris... trois jours plus tard, ils applaudissaient de Gaulle sur les Champs-Elysées.
Albatur Maître de FFT
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Dim 31 Déc 2017 - 14:10
Mon grand-père était écœuré des "résistants" qui en réalité n'avaient rien fait voir collaboré de leurs plein gré. Dans son petit village il avait pu voir ces girouettes a l'oeuvre.
Gorak Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Dim 31 Déc 2017 - 14:17
Les vrais Résistants étaient malheureusement rares... mais leur nombre, fût-il infime, portait l'honneur de la France.
Gorak Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Sam 6 Jan 2018 - 15:04
Souvenir de nos vertes campagnes d'antan
Crénon de nom, qu'c'était bon un p'tit canon !
Jadis, dans nos campagnes, la soupe du soir était rallongée d'un trait de vin et le breuvage en était d'autant plus apprécié. Nos anciens appelaient cela faire chabrot.
Gorak Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Ven 26 Jan 2018 - 10:22
TOUMAÏ, LE PREMIER HOMME
Âgé de 7 millions d'années, retrouvé dans le désert du Tchad, Toumaï - Sahelanthropus tchadensis - est un australopithèque beaucoup plus vieux que Lucy. Il mesurait environ 1 m 05.
Voilà, en quelque sorte, à quoi ressemblait "Adam". C'est le grand-père de toute l'Humanité.
Caïthness ex-Lekhor
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Ven 26 Jan 2018 - 11:33
C'est marrant, j'le voyais plus blanc (genre Charlton Heston)
gynogege Maître d'armes
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Sujet: Re: Parlons d'histoire Ven 26 Jan 2018 - 14:34
Il vient juste d'y avoir un article sur un blog du Monde qui laisse entendre qu'il y a peut-être une arnaque derrière cette découverte. Plus précisément, il n'est pas certain que Toumaï était bipède. Un article très intéressant mais pas très glorieux pour la recherche française...
La découverte d'os dans l'ancienne maison de Guillaume Seznec relance l'affaire et la disparition mystérieuse de Pierre Quémeneur en 1923......
Un voyage mystérieux en Cadillac entre Rennes et Paris plein d'obstacles et de pannes diverses...une personne qui s'évapore mystérieusement...un crime sans cadavre et sans arme...un désigné coupable condamné par la justice et envoyé au bagne avant de se faire gracier par le général de Gaule...les os vont-il enfin révéler une vérité...??...presque un siècle après...