Parlons d'histoire

1177 avant J.-C. : le jour où la civilisation s’est effondrée

Adrien Naselli, « Eric H. Cline : “1177 ans avant notre ère, un effondrement s’est produit et certaines civilisations ont réussi à s’adapter” », Libération, 28 août 2024

https://www.liberation.fr/idees-et-debats/eric-h-cline-1177-ans-avant-notre-ere-un-effondrement-sest-produit-et-certaines-civilisations-ont-reussi-a-sadapter-20240828_PDLEFDOW4FGNTEZNUR6UI6LTZM/

Citation :

Combien de civilisations vivaient autour de la Méditerranée dans l’époque que vous étudiez, et quels liens entretenaient-elles ?

On pourrait dire que c’était «le G8» de l’époque. Les Mycéniens, les Minoens, les Hittites, les Cananéens, les Chypriotes, les Assyriens, les Egyptiens et les Babyloniens étaient liées économiquement, diplomatiquement et commercialement dans un réseau mondialisé englobant la Méditerranée, de l’ouest à l’est. Pour le dire en termes moderne, c’est une zone qui va de l’Italie, la Sicile, la Sardaigne jusqu’à l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan. Les estimations démographiques sont notoirement difficiles et peuvent varier considérablement. Une série d’estimations a récemment été fournie pour la Grèce continentale, qui suggère qu’environ 600 000 personnes y vivaient au XIIIe siècle avant J.-C., mais que ce nombre est tombé à environ 330 000 deux siècles plus tard. Cela signifie que l’Effondrement a provoqué un déclin de la population grecque d’environ 40%, grosso modo, en deux cents ans. Je suppose que la majeure partie du déclin a eu lieu après 1200 avant J.-C., et qu’il était probablement dû à des morts ou à des migrations. On trouvait probablement un nombre similaire de personnes dans les autres zones, c’est-à-dire les personnes vivant en Anatolie, en Egypte, en Mésopotamie, en Canaan, etc. Ils partageaient des liens aux plus hauts niveaux des sociétés, des rois aux marchands, pendant les siècles de l’Age du bronze tardif (d’environ 1700 av. J.-C. à 1200 av. J.-C.).

[…]

Quels ont été les phénomènes les plus marquants de cet événement ?

Le plus frappant, c’est la rapidité avec laquelle il s’est produit. Ces civilisations ou sociétés interagissaient joyeusement depuis environ cinq siècles (entre 1700 et 1200 av. J.-C.), mais le réseau mondialisé s’est effondré, et les différentes sociétés ont été plus ou moins affectées en l’espace de quelques décennies seulement. Ce qui est frappant aussi, si j’ai raison, c’est qu’il a fallu plusieurs catastrophes se produisant presque simultanément pour provoquer l’Effondrement – c’est ce que l’on pourrait appeler une « polycrise ».

Une « méga sécheresse » d’environ deux cents ans en aurait été l’une des causes principales. S’agit-il d’une forme de réchauffement climatique comme celui que nous connaissons ?

C’est peut-être un peu différent, mais l’impact est similaire. Il semble que le climat soit devenu plus aride et que les précipitations aient diminué, ce qui a entraîné une méga sécheresse.

[…]

Quels peuples se sont mieux adaptés que les autres, et pourquoi ?

Difficile de répondre au pourquoi. Pour résumer, on sait que certains peuples se sont adaptés, certains mieux que d’autres comme les Phéniciens et les Chypriotes, probablement parce qu’ils ont réussi, malgré le chaos, à innover et à faire progresser la diffusion de l’alphabet et l’usage du fer. Ils ont également réussi à créer et gérer des routes commerciales à travers la Méditerranée. Les Assyriens et les Babyloniens, eux, ont pu maintenir l’essentiel de leur structure sociétale, peut-être en partie parce qu’ils étaient éloignés de la Méditerranée et situés sur de grands systèmes fluviaux, le Tigre et l’Euphrate, mais aussi peut-être parce qu’ils avaient des dirigeants qui ont pris les bonnes décisions pour leur permettre de survivre.

À l’inverse, quels peuples ont été décimés et pour quelles raisons ?

Il est également difficile de répondre de manière précise à cette question. Cependant, les Hittites sont parmi ceux qui ont le plus souffert. Ils ont pratiquement disparu de l’Anatolie centrale, peut-être parce qu’ils se trouvaient déjà dans une situation précaire en raison de conflits au sein de la famille régnante. Les choses n’ont pas bien tourné pour les Mycéniens non plus ; il a été suggéré qu’ils étaient plus vulnérables et plus fragiles qu’il n’y paraissait en tant que société, peut-être en raison de la surexploitation de la classe inférieure pour des projets à grande échelle, entre autres choses.

Pourquoi l’Égypte, dont nous connaissons mieux le passé que les autres peuples que vous étudiez, n’a-t-elle pas réussi à s’appuyer sur ses solides fondations ?

Les raisons ne sont pas claires. Elles sont certainement liées au fait que les pharaons qui ont immédiatement succédé à Ramsès III après son assassinat dans le cadre de ce que l’on appelle la « conspiration du harem » (1155 avant J.-C.), vingt ans après sa victoire sur les Peuples de la mer, n’ont pas été à la hauteur de leurs illustres prédécesseurs, notamment Ramsès II, Mérenptah, et Ramsès III. Cette période est marquée par des pénuries alimentaires, des conflits liés aux conditions de travail et des pillages de tombes, et l’Égypte se retire de la scène internationale pendant un certain temps. Très vite, d’autres personnages puissants, issus de l’administration ou de la prêtrise, s’élèvent pour défier les pharaons et établir leur propre pouvoir sur certaines parties de l’Égypte, si bien qu’à un moment donné, après l’Effondrement, ce ne sont pas moins de trois, voire quatre personnes qui prétendent chacune régner sur une partie du territoire en même temps.

La Bretagne n'est pas celte !

Mwahahahahaha...

Emma Guyomard, « La Bretagne est-elle vraiment celte ? », Ouest France, 16 août 2024
https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2024-08-16/la-bretagne-est-elle-vraiment-celte-543b35bf-33ff-42d6-81c5-11e6f95bb445

Hier soir à la télé, c'était numéro inédit de l'émission "secret d'histoire" de Stéphane Bern (que je n'ai pas vu car travail ce matin, donc en replay)...

"Spartacus et la révolte des gladiateurs"

Pour moi, le titre n'est pas correct.
Si Spartacus s'est bien échappé d'une école de gladiateurs avec ses camarades, c'était un esclave et l'armée qu'il forma par la suite était une armée d'esclaves. Etre gladiateur ne signifiait pas être automatiquement esclave, certains gladiateurs étaient des hommes libres.

Le titre correct serait plutôt "Spartacus et la révolte des esclaves".