Je mets ma petite note ici parce que le sujet général sur les Choose Cthulhu a été fermé, ce qui est dommage, me semble-t-il, puisque cela permettait de parler de la gamme de manière plus ou moins générale, comme je m'apprête à le faire. Mais bon, discuter sans n'est pas un problème non plus.
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Voilà quelque temps, déjà, je recevais les trois derniers volumes sortis :
L'abomination de Dunwitch,
La maison de la sorcière et
L'asile d'Arkham. J'étais tout content, émoustillé à l'idée de pouvoir, au coin du feu, à la nuit tombée, ouvrir le bel ouvrage, me délecter de sa texture ouatée et dès lors plonger dans les délices de l'horreur lovecraftienne.
Soudainement, telle une miséricorde chauffée à blanc, une atroce douleur me perça la rétine et le cœur. Les pages étaient blanches. Blanches ! Mon Dieu, tout ce blanc. L'œil agressé s'écarquillait sous l'implacable souffrance lancée par les vrilles opalines de cette neige hiémale, hummock percutant la prunelle fragile. Le globe se tordait, purulait puis fondait pour ne plus que laisser la palpébrale sensation de ces deux orbites devenus hideusement vides.
S'en sont parties les duveteux feuillets crème, ce plumage boisé doux comme un nuage d'automne illuminé par un soleil finissant. Mais où donc était l'ivoire, où avait glissé le sable, où s'était enfuit le marbre grumeleux, le lait crémeux aux reflets de copeaux ?
Mon cœur est désormais vide et mon livre, refermé.
Foin de prose poétique. Vous l'aurez compris, je regrette cette évolution des éditions Shakos : les pages ne sont plus crème, mais blanches. Tellement blanches. Je trouve cela vraiment regrettable car, outre le repos des yeux, cette couleur harmonieuse conférait une patine toute particulière à la série.
Je ne jette néanmoins ni pierre ni opprobre et continuerai, quoi qu'il arrive, à me procurer les volumes à venir. Il y a sûrement de bonnes raisons à ce changement : disponibilité, prix du papier, que sais-je... Je déplore grandement les conséquences de cette ou ces raisons – les ouvrages n'ont pour moi plus le charme de leurs prédécesseurs – mais Shakos conserve, nonobstant mes remarques, tout mon soutien pour la suite de leurs aventures livro-ludiques.