Pour les forumers de retour à la Taverne !

Themis est tombée... L’Anneau de Feu a été détruit et, hors de tout contrôle, il est retombé vers la surface, se disloquant lors de sa traversée de l’atmosphère. Des blocs de plusieurs centaines de milliers de tonnes se sont écrasés à sa surface, beaucoup dans les océans mais malheureusement aussi un nombre conséquent sur les grandes cités côtières. Si la catastrophe avait heureusement pu être anticipée et les habitants évacués des centres urbains, le spectacle terrifiant de la chute de ces météorites artificielles impactant le sol, ainsi que les tsunamis de plusieurs dizaines de mètres de hauteur, a profondément marqué les Thémisiens. La dévastation qui s’en est suivi a plongé la planète entière dans le chaos et la désolation. Les circuits commerciaux se sont interrompus en raison de la destruction des infrastructures mais aussi de la contamination à l’uranium de l’atmosphère. La population s’est trouvée contrainte de se confiner dans des cités souterraines bâties à la hâte, tandis qu’un nouveau gouvernement autoritaire se mettait en place, menant une lutte impitoyable contre les sympathisants - réels ou supposés - des mouvements de résistance. Soutenu par une division vélosienne complète, c’est évidemment vous, désigné à la vindicte populaire comme le principal responsable de la catastrophe, qui êtes visé par la vindicte de cette clique. Bien aidés par des trahisons en série, les caches de la résistance finissent par tomber les unes après les autres. Le coup le plus dur est arrivé avec l’arrestation puis l’exécution publique du Général Thirbaël. Vous n’avez pas eu d’autre choix que de vous enfuir e nuit, dans la précipitation et l’improvisation la plus totale à bord du Lelanthos, sans même avoir pu vérifier le bon fonctionnement de votre appareil. C’est le coeur serré que vous avez jeté un dernier coup d’oeil à votre planète, avant d’enclencher la propulsion superluminique...

Alors que vous vous assoupissez, vous êtes brutalement tiré de votre torpeur par une secousse brutale: vous êtes sorti du mode superluminique. Hébété, vous observez le tableau de bord de votre appareil qui s’illumine dans tous les sens. En réalité, vos réserves d’hélium3 qui servent à alimenter le générateur de gravitons sont quasiment épuisées. Vous ne pouvez plus compter que sur la faible poussée des moteurs ioniques pour faire avancer votre vaisseau... Vous vous tournez sur le pupitre rétroéclairé de l’ordinateur central pour faire le point sur votre position. Vous vous trouvez à l’extrême bord du bras galactique, presque à l’extérieur du secteur neutre, dans un secteur très pauvre en étoiles: difficile de faire plus isolé... Le seul système à votre portée est celui de Juniper, une étoile naine jaune entouré de trois planètes. La première, réalisant une orbite en 22 jours seulement, présente toujours la même face à son soleil. Les températures infernales à sa surface sont responsables de l’existence d’un vaste océan de magma; près du terminateur, les températures plus glaciales font se condenser les vapeurs toxiques en pluies d’étain et de fer... La deuxième planète ressemble davantage à une lune perdue, constellée de bassins et de cratères d’impacts. Quant à la 3ème planète, il s’agit d’une géante gazeuse, uniformément grise, dont l’atmosphère épaisse est chargée d’hydrogène et d’ammoniac en brassage constant. Un point clignotant apparaît lorsque vous scannez les nuages de la géante: une station d’altitude, probablement un embarcadère industriel destiné à l’extraction de gaz rares. Voilà qui pourrait satisfaire à la fois vos besoins de repos et de réapprovisionnement en ergols... en espérant que vos maigres économies soient suffisantes pour permettre de faire le plein.

Vous réglez les moteurs ioniques à 120% de poussée nominale et vous calez confortablement dans votre siège, tout en débranchant tous les systèmes non essentiels pour réduire au maximum votre signature électronique. La durée du transit devant avoisiner les 55 heures, autant se mettre à l’aise et ne pas risquer de mauvaise rencontre. Alors que vous abordez les couches les plus élevées de l’atmosphère de Juniper III, et que votre vaisseau commence à vibrer dans tous les sens, vous vous étonnez de n’obtenir aucune indication de la part de la station quant à la procédure d’approche. Vous prenez l’initiative d’appeler vous-même, mais bizarrement vous n’obtenez aucune réponse. Vous réitérez l’appel, sans plus de succès: probablement des interférences causées par la rentrée atmosphérique...

Vous parvenez enfin à établir un visuel sur la station de forage de gaz: six gigantesques sphères, de plus de cent mètres de diamètre, en matériaux synthétiques gonflés avec un mélange d’oxygène et d’argon portent apparemment sans effort, au dessus des nuages, une structure complexe de poutrelles, de tuyauteries et de bonbonnes de stockage. Une piste de près d’un kilomètre de longueur permet aux engins spatiaux de décoller et d’atterrir pour emporter les cargaisons de gaz rares extraits dans la mine. L’ensemble flotte doucement tandis que des averses de grêle d’ammoniac se déchaînent quelques milliers de kilomètres plus bas, déclenchant des éclairs gigantesques qui éclairent par-dessous la station industrielle, dans un grondement sourd amplifié par les vents violents qui soufflent en permanence.

Vous engagez le Lelanthos dans l’axe de la piste principal, tout en vérifiant sur vos écrans qu’aucun autre vaisseau ne se présente face à vous. Vous parvenez à atterrir sans encombre sur une piste déserte; tandis que le Lelanthos freine doucement, vous voyez défiler des sas et des compartiments sans âme qui vive... Une fois votre appareil immobilisé, vous désactivez les fonctions principales et sécurisez l’habitacle, avant d’enfiler votre scaphandre et de sortir au dehors. Les senseurs affichent une température ambiante de -22°C, avec une atmosphère toxique épaisse, comme prévu. Ce qui, en revanche, n’était pas prévu, c’est que personne, pas même un robot protocolaire, ne soit là pour vous accueillir. Il semblerait bien que la station ait été désertée. Vous vous engagez sur la piste, bien décidé à tirer cette affaire au clair... et faire le plein, peut-être à moindre coût! Rendez-vous au 1.