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Sujet: La Taverne des Sciences Sam 25 Mai 2019 - 14:44
... voici la ville du futur, durable et connectée : un projet futuriste conçu et imaginé par le groupe Bouygues Immobilier :
cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5425 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
Sujet: Re: La Taverne des Sciences Lun 17 Mai 2021 - 13:39
Vous le savez peut-être, la revue Science & vie a été rachetée par un éditeur requin qui ne s'intéresse qu'à la marque. La rédactrice en chef est en même temps rédac'chef de Biba, le site Internet sert à diffuser des infos non vérifiées collées là par deux stagiaire avec pour seul but de générer du clic publicitaire… Une évolution bien triste pour une parution centenaire.
Mais : les journalistes démissionnaires montent un nouveau projet, Epsiloon, le magazine de l'actualité scientifique
https://fr.ulule.com/epsiloon/
djino aime ce message
djino Maître d'armes
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Sujet: Re: La Taverne des Sciences Lun 17 Mai 2021 - 13:59
Purée, Science et Vie, toute ma jeunesse .. (avec France football quand même )
Ca fait mal au coeur de les voir se transformer ainsi, entre perte de sérieux et parutions putaclics
cdang Maître d'armes
Nombre de messages : 5425 Localisation : Le Havre (Seine-Maritime, France) Profession : Ingénieur en génie des matériaux et génie mécanique Loisirs : Jdr, musique, cinéma, aïkido, iaïdo Date d'inscription : 13/11/2013
Sujet: Re: La Taverne des Sciences Lun 17 Mai 2021 - 16:28
Pour préciser un peu l'histoire de ce déclin : en 2019, S&V est racheté par Reworld Media, décrit par Jérôme Lefilliâtre de la manière suivante (« Reworld : "Un conseil : ne bossez jamais pour eux" », Libération, 11 octobre 2018)
Citation :
La page d'accueil du site internet est tellement caricaturale de «l'esprit start-up» qu'on pourrait la croire rédigée par le Gorafi. Le slogan est à l'américaine : «Influence, engage, amplify.» La mission autoproclamée s'affiche dans un franglais obscur d'école de marketing de seconde zone : «Un moteur, l'innovation média. Une solution globale intégrée, Branding et Performance. Un objectif, la conversion pour les annonceurs.» Et la proclamation d'identité, en lettres capitales, ne s'affiche pas dans notre langue, tellement ringarde pour une entreprise aux ambitions globales : «WE ARE REWORLD MEDIA.» […] chiffre d'affaires de 185 millions d'euros en 2017 - et son résultat net positif de 1,8 million d'euros, faiblard mais notable dans un secteur sinistré. Relancée en 2012 après son rachat par un duo d'entrepreneurs d'Internet, Pascal Chevalier et Gautier Normand, cette drôle de boîte a repris au fil des années des magazines poussiéreux et promis de leur donner une deuxième vie en les «digitalisant». […] Ses «fleurons» se nomment Marie France, le Journal de la maison, Auto Moto, Pariscope ou Be (les deux derniers ont cessé de paraître en version papier). Pas de quoi en faire un grand acteur des médias. Mais Reworld est sur le point de changer de dimension en avalant des dizaines de journaux puissants, comme Auto Plus, Grazia, Biba, Modes & Travaux, Closer, Télé Star, Dr Good ou encore Sciences & Vie. […] «Un conseil : ne bossez jamais pour eux», nous avertit l'ancien rédacteur en chef d'un magazine de Reworld (sous couvert d'anonymat, comme tous nos témoins, qui ont signé des accords de confidentialité en quittant l'entreprise). «Reworld, c'est la mort, poursuit le même, viré il y a quelques mois. Il n'y a aucune reconnaissance là-bas, aucun respect. Je ne connais personne qui est heureux d'y travailler.» Une autre ex-collaboratrice, partie parce qu'elle ne pouvait «plus blairer» ses patrons : «Les gens sont très malheureux là-bas car ils se sentent dépossédés du sens de leur travail. Beaucoup voulaient être journalistes mais en sont très loin.» Contactés par Libération, Pascal Chevalier et Gautier Normand, qui possèdent toujours 22 % de Reworld, n'ont pas souhaité répondre à nos questions.
Le business model du duo est simple : il capitalise sur la notoriété et l’audience de la marque de presse rachetée à vil prix pour s’en servir ensuite comme support publicitaire en France et à l’étranger, d’où vient plus de la moitié des revenus. La force de la boîte est sa connaissance du monde numérique, sa capacité à animer des communautés en ligne et à vendre ces audiences aux annonceurs. Au sein du groupe, une filiale de marketing en ligne, Tradedoubler, qui assure plus de la moitié des revenus. Le fait d’agréger des magazines les uns aux autres renforce la puissance de Reworld grâce au croisement des données dont chaque titre dispose.
Toutes les sources que nous avons interrogées décrivent le même processus de reprise en main. Dès que Reworld s'installe entre les murs d'un magazine, les titulaires d'une carte de presse sont d'abord fortement incités à quitter l'entreprise. […] «On m'a fait comprendre qu'il fallait faire partir les gens, les pousser dehors. Ils ne cherchent pas des personnes ayant un style ou un point de vue», raconte un ancien responsable. […] L'objectif inavoué est de remplacer les journalistes porteurs de l'histoire et de l'esprit des titres par de jeunes arrivants «web-compatibles», moins nombreux, mal payés (voire stagiaires) mais dociles, trop heureux d'avoir un job dans un secteur bouché. Leurs fiches de poste les désignent comme «chargés de contenus». […] Pour remplir les magazines et les sites internet afférents, des pigistes sont payés sous le statut d'autoentrepreneur. «On me rémunérait 800 euros pour faire vingt contenus dans le mois», raconte un ex-pigiste congédié par un simple mail, sans explication, en fin d'année dernière. Suivant cette logique générale d'économies, la rédaction des magazines papier est sous-traitée, après appel d'offres, par des agences de presse. Marie France est ainsi écrit par Relaxnews. «Trois mois après le rachat, ils ont donné la réalisation de la maquette à l'agence Rampazzo. Toute mon équipe a été licenciée», se souvient une ancienne éditrice du pôle féminin. […] Lorsque les rédactions sont remaniées, Reworld peut appliquer sa politique commerciale, qui tient en quelques mots : tout pour la publicité. «La régie pub commande beaucoup d'articles. C'est très poreux. Elle demande à ce qu'on parle d'un annonceur ou d'un de ses produits, avec par exemple trois papiers sur le site et un encart dans le magazine», raconte une ancienne contributrice de Marie France. Qui ajoute cette anecdote : après le fameux sketch homophobe de Cyril Hanouna dans Touche pas à mon poste, il avait été demandé à la rédaction, qui avait réussi à l'empêcher, d'écrire des articles positifs sur l'animateur… Un contrat à 2 000 euros, croit-elle se souvenir. […] L'une des sources de revenus de Reworld est l'organisation de salons et de concours labellisés au nom de ses journaux, et pour lesquels les entreprises paient afin d'y figurer.
En septembre 2020, un an après le rachat, les journalistes de S&V menaçaient d'une démission collective. C'est raconté par Robin Andraca dans « À "Science & Vie", la menace d'une démission collective de la rédaction », Libération, 23 septembre 2020
Citation :
Depuis septembre, plusieurs articles y ont été publiés, sans que la direction de la rédaction du magazine ne soit consultée, ni pour valider l'angle choisi ni pour relire avant publication. Ces articles ont été écrits à Boulogne-Billancourt, dans les locaux de Reworld Media, par une «chargée de contenu». À la plus grande surprise des journalistes de Science & Vie, dont les locaux sont situés à Montrouge, en proche banlieue parisienne.
Puis départ du rédac' chef et grève illimitée.
En décembre 2020, 300 scientifiques signent une tribune pour dénoncer l'affaire : « Parce que l’information n’est pas un contenu comme les autres, sauvons “Science & Vie” ! », Le Monde, 15 décembre 2020.
Ça a même ému Roselyne Bachelot qui, fin décembre 2020, a proposé que les subventions aux magazines soient conditionnées à la présence de journalistes dans la rédaction.