Ceci est ma premier critique alors vous serez indulgent (c'est un ordre
).
Dagonide nous offre une suite à la série Epouvante, tellement originale et pourtant sous-exploitée puisqu'elle s'arrêtera au deuxième tome.
Donc on a là tous les ingrédients qui ont fait la caractéristique de JH Brennan et plus particulièrement celle de cette série tout à fait originale.
D'abord parce que dans un livre on a deux livres (deux personnages qui s'affrontent : le bien contre le mal (les rôles ne sont pas toujours ceux que l'on croit cf La créature de Frankenstein), l'homme contre la bête, etc...) ensuite pour la présentation des paragraphes (chacun ayant un sous-titre renvoyant au lieu où se déroule la scène) encore pour le découpage des paragraphes (une partie descriptive tout à fait commune aux autres livres du modèle puis une deuxième partie où l'auteur s'adresse directement au personnage joué par le lecteur avec un esprit taquin non dénué d'humour absurde et 432ème degré... au moins et là Dagonide excelle tout autant que Brennan). On a donc un mélange détonnant de gothique-horreur (bref épouvante) et d'humour très moderne tout à fait prenant respectant malgré tout le cadre (chaque livre est inspiré d'un chef d'oeuvre de la littérature gothique du XIX siècle, petite entorse avec celui-ci, quoique) dans un style très agréable et enlevé.
Nous voila donc avec deux petites AVH me direz-vous ? Eh bah, curieusement non. En tout cas, moi, je n'ai pas ressenti le nombre moyen de paragraphe octroyé à chaque personnages comme une limite à la durée de l'épreuve. Eh oui, car il s'agit bien d'une épreuve, il va falloir faire preuve d'intuition, d'audace, d'irrévérence mais aussi de rigueur, de pertinence et d'astuce pour résoudre le parcours de chacun desdits combattants. Car ici nulle place (ou si peu) à un quelconque dirigisme, peut-être même plus que Brennan, on peut vraiment se balader où bon nous semble (parfois à condition de trouver le bon chemin pas toujours simple), à notre rythme (et il faudra pas hésiter à prendre son temps pour explorer toutes les possibilités nombreuses tout en restant assez éveillé pour ne pas se jeter dans la gueule du loup (que l'on en soit presqu'un ou pas du tout). Dagonide fait même fort d'injecter une sensation de temps car le deuxième, voir le troisième passage à certains endroits permettra quelque déblocage d'évènements tout à fait dangereux/inutile/favorable/indispensable selon l'humeur de l'auteur (plus ou moins taquine). Donc une économie de moyen que ces cartes d'exploration (déjà utilisées par Brennan mais tout à fait judicieusement réemployées ici) permettront de mettre à profit pour un dynamisme plus prenant tout en offrant une grande liberté d'action. Hélas la voie du salut n'est pas simple et il faudra s'armer de patience pour réussir convenablement ces aventures extraordinaires, d'autant que les adversaires pour chacun sont coriaces et qu'ils offriront de bon moment de tension à attendre que le dé finisse sa course.
Les illustrations en pagaille (pleine page mais aussi pochart) sont tout à fait plaisantes et agréables et nous immergent bien dans l'histoire, de toute façon, l'emballage est du grand art comme il est de coutume maintenant chez Megara, le confort de lecture/jeux est total.
Pour revenir à l'histoire, moult PNJ viennent ponctuer l'aventure de leurs caractères marqués pour étayer une histoire déjà pas banale mélange d'hommage à Conan Doyle et d'irrévérence totale dans la lignée des deux précédents de Brennan. On navigue donc tantôt au plus près des détails distillés par CD dans son roman , tantôt à des années lumières du sérieux et de l'angoisse distillé par ses oeuvres pour des moments de franches rigolades et des clins appuyés.
Nous rencontrerons aussi avec plaisir des créatures totalement étrangères aux habitudes de Holmes mais fidèles à l'ambiance gothique et ajoutant du surréalisme à une histoire déjà bien surréaliste tout en gardant une cohérence très forte.
J'oubliai d'évoquer les règles initiales de Brennan, peaufinées avec soin par Dagonide, dans sa version, ça marche du tonnerre, en plus selon le personnage la feuille d'aventure et quelques particularité de jeux viennent agrémenter une mécanique déjà bien maîtrisée avec beaucoup d'astuce et de dynamisme qui participent pleinement à l'immersion.
Voilà, comme vous pouvez l'imaginer je suis entièrement conquis par l'oeuvre de Dagonide et je lui colle donc pour la peine du plaisir offert un bon
19/20 fidèle à l'exigence éditoriale de Megara ce qui n'étonnera donc guère les "abonnés" de ce petit éditeur que je vous recommande chaudement.