Système monétaire des époques où on va

In Le Masque de Sang 1789 pour prendre exemple de celui auquel je joue, j'ai été assez surpris à la différence du piètre Complot sous la Terreur 1793 d'avoir des règles monétaires réellement usitées en phase avec l'époque : un louis d'or = 4 écus = 480 sols = 5760 deniers.
Récap de la leçon de monnaie de l'auteur   : Sachez donc qu'un louis d'or vaut 24 livres ; la livre est une monnaie de compte, ce qui signifie qu'elle n'est pas représentée par des pièces, ni par des billets. Elle sert seulement à indiquer des valeurs marchandes. Dans un louis d'or, il y a 4 écus d'argent, ou 8 demi-écus ; un écu vaut donc 6 livres et un demi-écu trois livres. Il existe également de la petite monnaie, les sols et les deniers. Une livre représente 20 sols, il y a par conséquent 120 sols dans un écu et 60 sols dans un demi-écu. Le sol lui-même est divisé en 12 deniers.

Trouvez-vous que ces notions & gestion -serrée- de l'argent (Avec les 25 louis et les 20 écus que Timothée vous a confiés, vous êtes à la tête d'une petite fortune qu'il vous faudra administrer avec soin. Un manque d'argent pourrait en effet se révéler hautement préjudiciable à la réussite de votre entreprise. ) apportent un réel plus aux Messagers du Temps ? Ou n'est-ce qu'accessoire ?

Accessoire mais le rappel des conversions aide le joueur a s’imprégner de l’époque je trouve.

Accessoire oui je veux bien le croire car à aucun moment il n'est dit que manquant d'argent l'aventure s'arrête, voire on a l'occasion de regagner des louis d'or pour rien sur les corps d'ennemis trépassés. Des articles qu'on peut acheter ne servent a priori à qued, je pense à la selle du cheval  .

Alors dans ta question il y a deux éléments.

Le premier est : est-il pertinent de faire gérer de l'argent ? Oui si c'est un jeu dans le jeu, s'il y a un enjeu derrière. L'exemple typique est le marché : vaut-il mieux que j'achète une outre d'eau pour mon voyage dans le désert ou bien une amulette de protection sachant que je ne peux pas me payer les deux ? Mettre la lectrice-joueuse devant un choix difficile ayant des répercussions plus loin est toujours intéressant. Dois-je me comporter malhonnêtement pour avoir des sous ou éviter d'en dépenser au risque de me faire mal voir, ou bien préserver de bonnes relations avec les protagonistes car les relations pourraient m'être plus utiles que des thunes ? Un positionnement moral intéressant…

Le second : est-il pertinent de présenter un système monétaire compliqué ? Comme le dit Albatur, c'est un élément d'immersion. Ça peut aussi être à but pédagogique, le livre-jeu, comme tout média, pouvant servir à l'instruction. Mais ça peut aussi créer du jeu : par exemple l'héroïne doit rendre la monnaie, si elle se plante elle se fait arnaquer ou ridiculiser ou bien provoque la colère de la personne lésée. Cela peut aussi être la forme d'une énigme. Ou encore : un mauvais rendu de monnaie peut dévoiler un voyageur dans le temps ; ça me rappelle une nouvelle de s.-f. dans laquelle un fugitif qui s'est réfugié dans les années 1950 se fait gauler par une méconnaissance des usages : il ne tire pas les jambes de son pantalon vers le haut avant de s'asseoir pour éviter de déformer son froc.

cdang a écrit:

ça peut aussi créer du jeu : par exemple l'héroïne doit rendre la monnaie, si elle se plante elle se fait arnaquer ou ridiculiser ou bien provoque la colère de la personne lésée. Cela peut aussi être la forme d'une énigme. Ou encore : un mauvais rendu de monnaie peut dévoiler un voyageur dans le temps...

Yep, car l'argent est l'une des choses les plus marquées par des règles non écrites (voca, usage, règles du rendu, ce qui est admissible ou attendu pour un don, un pourboire...). Ça peut donner de l'épaisseur à un récit, un jeu où on est bataille avec le quotidien (Métro du cauchemar...).

> Même situation que celle que tu évoques dans Le Talisman des Territoires (SF), le jeune voyageur inter-dimensionnel ne comprend pas l'emploi des baguettes cannelées comme monnaie et se trahit en achetant à manger.

> Plus curieux, dans un policier ! La femme de Maigret démasque une dame de la haute société qui se fait passer pour une domestique, car au marché, « elle ne sait pas compter en sous » (1 sou = 5 ou 20 centimes, je ne sais plus, une scorie du XIXe siècle qui a survécu dans le langage des petites gens à l'époque du roman).

Les jeux sur fond d'Angleterre victorienne utilisent la monnaie comme "élément qui fait vrai", le décompte compliqué en pence, shillings, livres + surnoms de certaines pièces (souverain, couronne, guinée...). A user sans en abuser.

Tient, ça me fait penser au chapitre de Daniel Dugourd, « Maléfices : Odeur de soufre sur l'École des chartes », dans Jouer avec l'Histoire (éditeur Olivier Caïra, Pinkerton Press, 2009)
http://www.legrog.org/jeux/generique-historique/jouer-avec-l-histoire-fr
Dugourd fait remarquer que dans les fictions en se fiche en général du prix des choses — Doyle n'indique pas le prix du quotidien qu'ouvre Sherlock Holmes — mais à l'inverse, dans les jeux de rôle (et donc éventuellement dans les livres-jeux), la joueuse s'y intéresse parce que ça a un impact sur le jeu (et donc sur l'histoire).