On demande aux gouvernements européens 10 millions de dollars chacun (aujourd'hui, c'est un pourboire ; à l'époque, le nombre de zéros était déjà éblouissant !) sinon boum ! Du coup, ils se tournent vers l'Agence des Missions Spéciales, qui se tourne vers VOUS, agent manifestement médiocre, dont la hantise de perdre son boulot et la peur du chef tiennent lieu de courage et d'abnégation.
La menace ? Une organisation mystérieuse, dont on ne sait à peu près rien hormis qu'elle est derrière tous les attentats et complots depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Il serait temps de s'en occuper !
Les indices ? L'unique agent qui enquêtait sur cette mystérieuse organisation a été tué, et n'a pu trouver en tout et pour tout que le nom d'une entreprise d'électronique basée à Lausanne.
Et nous voilà parti dans une belle caricature de roman d'espionnage, manifestement inspiré des plus mauvais
James Bond, ou peut-être des SAS (que je n'ai pas lu). Il ne manque aucune des péripéties les plus ineptes :
- Le chef bourru qui attend que vous ayez trouvé un indice menant au Caire pour donner le nom d'un de ses vieux potes qui enquête depuis des décennies sur cette organisation et qui est basé justement là-bas : 't'aurais pas pu commencer par là ?
- Le vilain chef de la police égyptienne mal fagoté et corrompu
- L'assassin qui nous agresse dans notre chambre d'hôtel, dès notre arrivée et avant qu'on ait rien découvert
- Le vilain génie du mal, jeune, riche, et arabe (les premiers James Bond sont eux aussi résolument mono-culturels...)
- La copine du vilain méchant, qui, si on la séduit, nous dit qu'elle veut tuer son copain depuis le début, mais ne nous apporte qu'une aide anecdotique
Tout aurait pu être sauvé par le ton résolument décalé, à la Brennan, de la narration. Le héros ne se prend pas au sérieux. Si des gadgets amusants avaient été présents, et si les indices s'étaient présentés d'eux-mêmes, cela aurait fait un très bon
Max la Menace. Malheureusement, tout est gâché par la nécessité de finir l'enquête et le grand nombre d'occasion de mourir qui se présentent.
L'enquête en elle-même comporte les défauts du genre : si, quand on réussit tous les tests, on arrive à une histoire cohérente, il n'en est pas de même quand on loupe des informations. Si l'aventure ne se termine pas, on se retrouve à faire des actions qu'on s'explique très mal : "J'ai vaguement entendu mentionner le nom de ce milliardaire égyptien [en loupant les indices qui le désignent comme comploteur en chef] ? Pas grave, je pars fouiller sa maison. De toutes façons, un Égyptien riche, c'est forcément louche !"
Reste le plus grave défaut du livre, et de la série en général : les bugs.
Dès le départ, le système de combat à main nue est mal pensé : si notre capacité de combat est faible, on ne fait aucun dégât, ou on met l'adversaire KO sur un 6 au dé ; si elle est forte, on inflige que des blessures légères. Il est virtuellement impossible de terminer un combat. En effet, les blessures légères qu'on inflige se cumulent en blessure grave, puis très grave, puis... demeurent très grave ! On ne peut pas tuer avec.
À cela, viennent s'ajouter les erreurs de code. C'est bien beau d'avoir prévu un système pour permettre au joueur de retenir des informations (vous avez reconnu telle personne, enregistrer tel indice), cela allège les paragraphes de choix et évite de divulguer des informations en cas de relecture (avez-vous appris que Bidule était méchant ? Non ? Alors, oubliez-ça et décidez quel suspect vous allez suivre ? Alfred, Bidule ou Chose ?). Mais encore faut-il éviter les bugs. Or, on en trouve plusieurs : codes mal orthographiés, voire permutés, qui empêche un fonctionnement normal.
De plus, des renvois de paragraphes sont erronés. J'ai relu plusieurs fois le livre, et l'attaque de la plate forme pétrolière (l'image de couverture tout de même) est inatteignable. Peut-être est-ce une partie des aventures qu'on ne peut jouer que par Minitel ? Si c'est le cas, il y a un petit problème technique.
Au final, une aventure assez mal fagotée, à réserver aux fans d'agents secrets, avec des bugs ennuyeux.
Note : 5/20