Lu en une soirée et deux ou trois heures creuses. Le niveau de cet Escape Book est toutefois élevé ; je l'ai trouvé plus dur que Le
Dirigeable du Professeur du même auteur. Le tome s'est avéré addictif, je VOULAIS le FINIR ! J'ai noté de possibles coquilles que j'ai listé dans la page de discussion du livre (lien ci-dessus).
NB, concernant cette collection, mon point de vue n'est pas neutre... D'autres lectures et critiques seront bienvenues pour compléter UN PEU D'ARCHITECTURE (du récit)Les Escape Books 404 se divisent en deux catégories :
ceux qui ont un révolver chargé et ceux qui creusent les
paysagés et les
scénarisés.
l'EB paysagé imite l'expérience d'un escape game en salle. Il y a un récit minime, au service d'une thématique. Le texte est descriptif, il développe et sert surtout à détailler le plan des lieux. Beaucoup de codes et de clés pour ouvrir des portes et cadenas, par fidélité à la source du genre : la salle d'escape game. Le héros est seul, même s'il peut y avoir des personnages secondaires par moments. Le plaisir est le challenge intellectuel, ce sont les EB qui offrent les défis les plus élevés. Ex :
La Tour de l'Alchimiste, Panique dans l'Hyperespace, Le Dirigeable du Professeur. l'EB scénarisé est découpé en chapitres et imite les péripéties d'un roman ou d'un film. Un peu moins de portes et de clés. Il y a des changements de lieux, des interactions fréquentes avec d'autres personnages. Le plaisir est celui du rythme. Les énigmes ont tendance à être un peu moins dures. C'est davantage une enquête ou une chasse au trésor que la reproduction d'un escape game en salle. Ex :
Prisonnier de l'Overworld, Le Piège de Moriarty, Le Pays des Merveilles.L'EB Lupin est à classer parmi les paysagés.
Dans ce tome où on incarne le célèbre gentleman cambrioleur,
trois parties :
PARTIE 1, de loin la plus longue (la moitié du volume, un peu long),
l'exploration du musée privé du richissime M. Zigler. Il y a 20 salles placées sur un plan qui évoque beaucoup celui d'un vrai musée. On va récolter de grandes quantités d'indices pour ouvrir plusieurs portes et cadenas. La dernière salle accessible contient une fausse pyramide qu'on peut visiter.
PARTIE 2, assez courte,
le labyrinthe au cœur de la fausse pyramide. Navigation inhabituelle : à chaque salle, on choisit entre nord / sud / haut / bas comme pour fouiller une map de jeu vidéo.
PARTIE 3, courte aussi,
le bal masqué (ohé, ohé, chica chica boum)... qui se tenait à l'étage supérieur du musée durant tout ce temps ! (bonne idée, ça). On se mêle aux invités, qui dansent tout en jouant à un jeu d'énigmes. Il faudra répondre juste pour pouvoir quitter la demeure avec notre butin.
Une originalité : on peut parcourir le musée normalement...
ou sous l'emprise d'une drogue si on est tombé dans certain piège. Ce parcours est caché en sous-texte, dans le petit I de chaque salle. Drogué, Arsène Lupin
hallucine, bavarde avec une momie, se bat avec des statues... Je n'ai pas joué cette voie-là, je suppose que c'est
le mode difficile. En tout cas c'est original et permet une 2ème lecture.
MECANIQUE & AVISLe jeu consiste à parcourir un grand nombre de salle et à collecter
une encore plus grande quantité d'indices : assez de clés numérotées pour rendre jaloux Zagor lui-même, quelques codes et énigmes, et de petites phrases identifiées par une lettre grecque.
On devra combiner :
hiéroglyphe qui identifie la salle +
lettre grecque de la petite phrase d'indice +
notre réponse.
C'est donc différent d'autres EB où on combine
obstacle +
objet utilisé (porte + bélier). A mon avis ce système de combinaison à 3 symboles est compliqué, le système à 2 symboles me paraît plus intuitif. J'en touchais déjà mot dans mon retour sur
l'EB Le Dirigeable du Professeur.Les énigmes sont souvent basées sur des
jeux de mots, des
anagrammes, des
doubles sens très inventifs. C'est bien l'esprit du romancier Maurice Leblanc, père d'Arsène Lupin, inventeur d'astuce dans ses romans (par exemple, je ne sais plus dans laquelle de ses nouvelles, la devise d'une famille noble, « la hache s'abat, l'aile s'ouvre » indique qu'il faut manipuler le H et le L du blason pour ouvrir une cache secrète). C'est le point de contact entre cet EB et Leblanc, autrement je n'ai pas remarqué de références aux aventures littéraires du gentleman cambrioleur (sauf erreur de ma part, auquel cas j'éditerai pour préciser).
D'autres énigmes sont davantage
graphiques : labyrinthe, comparer deux illustrations, remarquer des mots en italiques, etc.
Je dois avouer que j'ai été parfois largué par certaines énigmes, par un même chiffre ou hiéroglyphes qui sert pour plusieurs choses, par la grande quantité d'éléments un peu disparates à retenir dans une partie 1 très longue ; du coup on ne sait pas bien quel indice donne la clé de quel rébus. Alors, qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai scruté la liste des combinaisons pour savoir ce qui, en gros, allait avec quoi, et seulement là je commençais à réfléchir... Je sais, c'est mal
Le Louvre en plus petit.
BILAN d'intéressantes
nouveautés bien qu'insuffisamment exploitées :
- la navigation
comme dans un jeu vidéo vintage avec quatre touches : nord / sud / haut / bas. Belle idée ! Sauf que la pyramide s'avère vide et la navigation laborieuse.
- le bal aussi et ses portraits drôles. Toutefois, répéter la même scène 14 fois (avec 14 danseuses) a un peu usé ma patience.
Donc
deux mécanismes intéressants qui seront peut-être développés à l'avenir ?
plusieurs parcours et fins, même si bien sûr il y a UNE fin idéale. Les autres sont : passer par la case Police, se croire victorieux mais se faire avoir (comme Pip au
64 du
Tombeau des Maléfices), passer dans l'après-vie. On peut ou non user d'une arme à feu.
une
grande variété dans les énigmes, qui ravira les amateurs de casses-têtes purs. Personnellement j'aurais bien aimé une partie 1 scindée en deux, se limitant à 10 lieux par partie, avec un enjeu très clair pour chacune de ces séquences.
deux énigmes m'ont
résisté : le labyrinthe de la page 42 (faut il y circuler ou juste repérer les associations chiffre-lettre ?) et la grille de « menu » de la page 171.
Un EB pour les vétérans qui ont déjà vaincu le dirigeable du baron Nublar, le bunker zombie ou les mystères alchimiques de la Tour saint Jacques !
_