Quel collectionneur êtes-vous?

Petite remonté de sujet car je souhaiterais ouvrir un autre sujet sur l'accessibilité des livres-jeux actuels et il s'agit d'un thème qui - me semble-t-il - possède comme corolaire l'envie de collectionner.
L'un n'allant pas sans l'autre, je commence ici et je poursuivrai avec le second sujet, les allers-retours étant les bienvenus à l'heure de l'hypertexte.

Suis-je un collectionneur ? Indubitablement.
Suis-je un pur collectionneur ? C'est là que la question se pose. Que veut dire, pour moi, collectionner ?
Pour plagier, ou citer, un peu, Kill Bill et Sonny Chiba, on pourrait dire que la collectionnite, c'est comme la vengeance : « La vengeance n'est jamais une ligne droite. C'est une forêt. On peut donc facilement s'y égarer, s'y perdre, oublier par où on est entré. ». Et c'est effectivement de mon point de vue un lieu dangereux qui peut mener à la folie si elle n'est pas, dès le départ, un tant soit peu jugulée.

Ainsi, collectionner les livres-jeux revient à collectionner quoi ? Tout ce qui est interactif ? Ergodique ? Dans quelle langue ? Dans quelle édition ? Toutes les impressions avec un achevé d'imprimer différent ? Toutes les impressions arborant une différence (de couleur, de coquille, d'image) ?

Comme beaucoup ici, j'ai eu, il y a environ deux ans, le désir de reprendre ma collection de LDVELH. Les années y avaient laissé leurs empreintes indélébiles et j'ai dû, la mort dans l'âme, me séparer de quelques originaux (les LS V1a par exemple) effroyablement dégradés par le passage du temps. Il y eu également certaines pertes issues de déménagements multiples, défigurant des séries qui, dès l'origine, avaient été des intégrales : « Messagers du temps », « Quête du Graal », « Dragon d'or » et j'en passe. Une quinzaine de titres s'est ainsi volatilisée dans le chaos rampant des abîmes de la causalité.

Or, destin, hasard ou malchance, mes quelques tentatives pour réamorcer la collection se soldèrent par des échecs fulgurants dignes des meilleurs fumbles à Rolemaster. Pour le dire court, cela se passa sur quelques sites en ligne où des non-professionnels offraient des lots Gallimard à des prix raisonnables. Les difficultés se sont enchaînées et cela m'a fait relativiser mon postulat de départ. Était-il le bon ? Car alors que les amateurs d'occasion s'ingéniaient à glisser des embûches catégorie « peau de banane » sous mes souliers de novice (je n'ergoterai pas davantage là-dessus), des professionnels s'essayaient eux, de leur côté, à faire vivre dignement une littérature florissante.

C'est ainsi que je changeai mon fusil d'épaule. Priorité allait être donnée aux nouveautés, aux éditeurs audacieux, à la création, reléguant les volumes empoussiérés à l'existence tricennale aux limbes de l'éventualité et de l'occasion fait le larron.

Alors, quel collectionneur suis-je ?
D'abord, je suis un ... mm ... je ne suis pas sûr qu'il existe un épithète adéquat. Ce qui m'intéresse, c'est la version intégrale ultime de la mort. Pas toutes les versions, surtout pas toutes les éditions, pas la première, ni forcément la dernière édition... mais la meilleure. Celle où il y a tout : les images, les corrections, les addendas, les notes, les versions de travail, etc. La plus complète, la plus efficace. Pas nécessairement la plus belle (cartonnée, fil d'or, tissu, soie et j'en passe), encore moins la plus dédicacée (la chose qui m'intéresse tellement que cela peut vous donner une idée de l'infini), ni la plus collector (avec son lot de trucs que je trouve d'une inutilité totale, du type la carte postale, la figurine 6 pouces, le pin's, le tee-shirt, le cd de la musique d'ambiance qu'écoutait le maquettiste...). Ce que je recherche, c'est le fond. Voilà pourquoi il y avait dès le départ un hiatus entre une nostalgie mal digérée et le désidérata réel.
Finalement, si je devais me définir, ce serait quoi : intégraliste ?

Je suis donc, de facto, intéressé par les dernières versions, qui me ravissent, puisque la mode semble justement d'essayer de republier ou de publier, de la manière la plus complète possible et avec le moins d'erreurs possibles, les livres-jeux.

À partir de là, je réalise des listes. Je me suis donc, peu ou prou, constituer l'inventaire des éditeurs en exercice et des nouveautés publiées. J'ai fait de même pour les AVH (grâce notamment à Rendez-vous au 1 et Littéraction).
Ensuite, sauf cas particuliers, j'ordonne mes préférences et je commande.
Un des grands avantages de ce choix orienté nouveautés est que je n'ai pas à me soucier de l'état. Ce sera du neuf. Et ça, c'est bien cool.
J'essaie également, dans une certaine mesure, de laisser une petite marge de manœuvre pour les imprévus, les nouveautés impromptues qui éclosent subrepticement au détour d'une réponse sur le forum et nécessite la réaction vive et sagace du collectionneur ardent (coucou Choose Cthulhu). Ce que je réussis fort peu à réaliser au vu de mon incapacité proverbiale à me décider sans crier gare.
J'ai aussi délimité un double budget : le premier équivaut à la somme mensuelle allouée à cette collection, le second étant la somme à ne pas dépasser si une occasion se présentait (le neuf s'achetant évidemment au prix du neuf).
Je suis néanmoins confronté au problème que doivent rencontrer la plupart des expatriés : l'impossibilité de chiner. Pas de vide-greniers, de foires à tout ou de braderies. Je ne peux passer que par internet. Cela a également orienté mon choix à ne faire pour le moment que du neuf, les éditeurs rechignant peu, voire pas du tout, à expédier vers l'étranger. Par contre, il m'a fallu me résigner à devoir payer des frais de port parfois non négligeables (tellement que cela à même en une occasion annulé une vente avec un éditeur professionnel).

Et donc j'avance. Pas vite, mais j'avance.
J'ai à peu près fini de faire ce que je voulais chez Gallimard. J'ai presque toutes les nouveautés parmi les titres que je ne possèdais pas déjà. Plus que 4 et ce sera bouclé.
Puis je délaisserai un temps Gallimard pour m'orienter vers Alkonost et Posidonia. Je pense alterner les deux éditeurs en privilégiant les titres au bord de la rupture (quand l'information est disponible) et ceux - cela va de soi - qui m'attirent le plus. La possibilité ou non de récupérer une série en intégrale jouera aussi beaucoup. Par exemple, chez Alkonost, je me suis rendu compte que le premier Fabled Lands est épuisé. Voudrais-je dès lors, me lancer dans une série que je ne pourrais pas compléter ?
À cela s'ajoute les AVH que je tiens absolument à acheter afin de remercier ceux qui s'investissent autant pour faire vivre et faire partager cette passion. Encore une fois, malheureusement, je suis d'une lenteur épouvantable, et je peux mettre des mois à finaliser achats et séries entamées. C'est pour cela que j'apprécie qu'une AVH soit sur Lulu, car peu importe mon planning des achats, elle restera - sauf retrait de l'auteur - disponible.

Le tout doit également s'articuler au sein de mes autres collections, nombreuses, et bien souvent, littéraires. Citons à titre d'exemple : Howard, Tolkien et Lovecraft, la matière de Bretagne (du Moyen Âge, pas les machins modernes, néo-trucs) qui avance pas mal (19 titres), ce que je nomme les incontournables de la littérature française, siècle par siècle (encore trois ou quatre livres et j'aurais fini le XVI^e siècle), les Star Trek (jusqu'à la série Enterprise) ou les séries animées de ma jeunesse (j'en ai trois sur mon top 5, ce qui se poursuivra évidemment sur un top 10 une fois complétée). Plus tout un tas d'autres trucs...

La dure vie d'un heureux collectionneur.

Et alors, quel type de collectionneur êtes-vous, comment procédez-vous ? Et surtout, votre colection aura-t-elle une fin ?

Ben Scott a dit « J'en ai vraiment fait une maladie » : et oui, l'abus de collectionnite peut être dangereux pour la santé. Toujours avoir un plan. Très belle collection au passage.

@Dav-ID : 70 nouveaux ouvrages, moi je n'appelle pas cela modeste, mais de beaux ajouts.