01 LES MAITRES DES TENEBRES

Voilà donc la fameuse réédition des "Maîtres des Ténèbres". Mais c'est plus qu'une réédition, c'est un véritable toilettage auquel s'est livré l'auteur.

Joe Dever ne s'est en effet pas contenté de corriger ou changer à la marge: si beaucoup de passages de la première mouture restent inchangés, l'histoire a subi un sacré relooking.

Tout d'abord, dans cette version, Loup Solitaire n'assiste pas en simple spectateur à l'extermination de son ordre. Il participe activement à la défense du monastère et à alerter Holmgard de la menace qui pèse sur le Sommerlund. Cela nous donne droit à une belle description de ce lieu mythique (dont on peut supposer que le monastère du second ordre lui ressemble sensiblement) et à quelques rencontres sympathiques. Cette partie est fortement linéaire, pas franchement difficile, mais très efficace car immersive et bien décrite: on est dans l'action directement, on ne pourra esquiver tous les combats comme c'était possible dans la première édition.
Une première partie très réussie.

Après avoir quitté le Monastère en proie aux flammes, l'Ordre exterminé, le livre reprend le squelette de l'histoire d'origine, mais il y a quelques changements notables:
- il est possible de visiter un repaire secret de Cénériens dans la région du monastère, l'occasion de déjouer un complot supplémentaire menaçant la patrie. Je trouve cette partie bien faite, équilibrée et bien écrite. Un ajout pas nécessaire, mais de bon aloi.
- la rencontre avec Banedon arrive plus tardivement.
- assister à la fameuse bataille du Pont d'Alema devient bien plus longue et passionnante à jouer. Ce pont est un ouvrage gigantesque, rien à voir avec le petit pont de pierre de la première version.
- la visite d'Holmgard est devenue elle aussi obligatoire, ce qui permet de mieux faire connaître la capitale du Sommerlund aux lecteurs. La ville devient ainsi plus concrète car plus fouillée.

Enfin, last but not least, Joe Dever nous a gratifiés d'une fin digne de ce nom. Rappelons-nous que la fin de la première édition était assez nulle du point de vue de l'intensité dramatique. Ici, le fait de se rendre devant le Roi ne suffira pas, il faudra déjouer un nouveau complot et croyez-moi, ce ne sera pas simple!

200 paragraphes supplémentaires donc, mais Joe Dever ne s'est pas contenté d'en mettre plus, il l'a bien fait.
La difficulté est supérieure, le bouquin est un peu plus linéaire, ce qui peut être perçu autant comme des qualités que comme des défauts. Ces deux paramètres rappelleront les recettes des 3ème et 4ème cycles, ce qui ne sera pas forcément du goût de tout le monde.
Les illustrations de Rich Longmore sont très belles.

Une réussite, assurément.

16/20
Difficulté: 60%

Version Redux du tome originel, Joe dever a apporté de nombreux changements au livre originel.
La taille s'en ressent : une augmentation de plus de 50% du nombre de paragraphes (on passe ici de 350 à 550 paragraphes).

Les principaux changements concernent le début : là où LS survivait par chance dans la version 1.0, on a l'occasion de participer au siège du monastère.
Là, deux possibilités : soit on aime soit on déteste. Côté pile, on est plongé dans l'action dès le départ, et on ressent plus intimement la douleur que représente pour LS la mort de ses compagnons et professeurs. On comprend d'autant plus la farouche détermination de LS de survivre pour apporter à la capitale les nouvelles de ce triste événement.
Côté face, on perd le côté "jeune novice" un peu perdu face aux événements. Dans cette version, Loup Solitaire, sans être le demi dieu qu'il deviendra par la suite, donne plutôt l'impression d'être (déjà) un guerrier accompli.

La suite reprend grosso modo la trame de la version initiale, mais en étoffant considérablement les paragraphes, à l'image de la partie dans Holmgard.

La fin est beaucoup plus mouvementée, ce qui n'est pas plus mal, car elle était un peu faiblarde dans la première mouture.

La difficulté est élevée, notamment au niveau des combats. Un score d'habileté faible voire moyen condamnera LS lors du dernier combat, à moins d'être chanceux.

Dans l'ensemble, les changements apportés par Dever sont plutôt bénéfiques.

Ma note : 15.5/20

La remasterisation du premier volume de sa saga par Dever est une réussite du point de vue de l'écriture (merci d'ailleurs à notre traducteur Oiseau). On sent que l'auteur se fait plaisir à nous décrire l'univers qu'il a créé de manière plus fouillée que dans la version originelle.

Le texte fourmille de détails sur l'architecture, la géographie et l'histoire du Sommerlund et du Kaï. Parfois, c'est même trop dense pour le lecteur qui découvre la série avec ce livre et qui doit faire face à beaucoup d'infos.

L'action dans le Monastère est bien décrite et trépidante à souhait, le début de l'aventure est sans temps mort, c'est un vrai point fort de cette nouvelle version, au même titre que la partie dans la capitale, très riche en belles descriptions aussi. Même les PFA sont bien!

Cependant, la réécriture implique également une modification de perspective dans le chef du héros. Alors que LS était encore en apprentissage, encore un peu tendre pour jouer au sauveur du monde dans la V1, pouvant terminer le livre sans combattre, il est dans cette nouvelle mouture plongé au cœur de la bataille d'entrée de jeu. Et pour triompher, il faudra au joueur des caractéristiques plutôt élevées, Dever ayant prévu un rebondissement final surprenant et une augmentation -exagérée- de la difficulté.

Quant aux illustrations, elles sont remarquables, dans un style plus "réaliste" que celui de Chalk. Les Giaks et le Gourgaz apparaissent ainsi beaucoup plus impressionnants!

Je reste partagée sur ce Flight from the Dark 2.0. Si l'histoire est supérieure à la V1, je préfère largement l'édition 1984 pour sa jouabilité et son côté "introduction à la série".
Le final a été critiqué car trop plat et Dever a entendu ses fans sur ce point. Mais de mon point de vue, cet ajout casse un peu l'ambiance générale du récit.

Pas un mauvais livre donc, mais une révision qui selon moi ne s'imposait pas.

Note: 14/20

Lu Les Maîtres des Ténèbres dans la version remaniée (rallongée de 200 paragraphes) par Joe Dever, avec annexe de Vincent Lazzari.


RETOUR AUX SOURCES
J'avais lu le tome d'origine dans sa livrée Gallimard il y a... oula, disons que c'était un autre siècle et un autre millénaire. Quel souvenir en avais-je gardé ?

une aventure rapide, pas difficile, mais qui impliquait.
un bel objet graphique, grâce à ses illustrations abondantes signées Gary Chalk. Même les règles du jeu était décorées, les cabochons n'étaient pas random mais illustraient divers petits épisodes...


LA VERSION 2021
La nouvelle version est 50% plus épaisss, wow ! Autant dire de suite que ce n'est plus ni le même livre ni le même jeu.
Le tome est désormais grand format à couverture rigide et larges marges. Les illustrations ont intégralement été refaites par Richard Sampson. Quelques pages d'annexes ont été ajoutées en fin, signées Vincent Lazzari (de Scriptarium), qui a sans doute aussi relu la nouvelle traduction de Sophie Brun.


QU'EST-CE QUI CHANGE ?... TOUT.
Le tome d'origine était une intro à une série bien articulée (tome 2 maritime, tome 3 banquise, tome 5 désert) : on sentait la patte du MJ habitué aux campagnes de JDR. Le tome de 2021 veut être une campagne à lui tout seul. Ce n'est plus un MJ qui écrit, c'est l'auteur d'un JDR dotés de nombreuses annexes sur l'univers. Ça ne sera ni le même rythme, ni la même ambiance.

Le début, la destruction du monastère Kaï n'est plus expédiée en deux pages. Elle est jouée ! Loup « Silencieux » ne va plus à la corvée de bois loin du monastère, il s'y trouve, et il va tailler du Glok pour atteindre le cristal d'alarme. Cette partie du livre est conséquente et a un côté assez école Poudlard : les lieux, les noms des condisciples, des maîtres, la démo de la spécialité de chacun...


Deuxième partie, la fuite de Loup (désormais) Solitaire vers la capitale. C'est la partie qu'on connaissait, d'origine. Mais il ne s'agit plus de prévenir le roi de l'invasion, car le cristal d'alarme a joué son rôle. Les lieux m'ont paru différents, moins... champêtres. J'ai désormais l'impression de traverser l'Italie de la Renaissance (arbalètes, poudre à canon, ouvrages monumentaux) plutôt qu'un paysage de méd'fan random. Conséquence du développement ultérieur de l'univers par Joe Dever.

Là j'avoue une gêne. Je donne un exemple : le fameux épisode de l'attaque du pont. Dans la version d'origine tu as l'attaque du pont. Point. Alors que désormais tu as :
a) pourquoi ce pont est stratégique ? Et hop, une page de cours de géo.
b) à quoi ressemble ce pont, qui vient là faire son marché ? Vlan, le dépliant touristique, l'architecture, le folklore.
c) enfin, presque à la marge, l'attaque du pont...


La dernière partie est l'entrée dans la capitale, un peu étoffée, et surtout la comparution devant le roi qui est désormais un petit épisode à soi seul.


MON AVIS
C'est avec un plaisir qu'on se replonge dans l'univers de Loup Solitaire, d'autant plus quand c'est dans une édition luxe à laquelle Scriptarium a participé ! Je devine les débats en interne : on garde « discipline spéciale Maîtrise Psychique de la Matière », ou on met « discipline du Nexus » comme dans le cycle suivant ? On garde « sabre » ou on corrige en « épée courte » ? etc.

Au passage, je remarque un gain de cohérence : l'intro d'origine affirmait que les Seigneurs Kaï quittaient le monastère à la fin de leur formation, pourtant ils y sont tous sans exception au moment de l'attaque qui les décime... On doit avertir le roi de l'invasion, alors que le pays n'est pas grand et que le prince est déjà sur le front... Cette nouvelle version lève ces incohérences.


Désormais il y a une continuité dans la série, puisqu'apparaissent dans ce nouveau tome 1 certains monstres ou enjeux des tomes suivants : les Druides de Cener par exemple.

On sort également du cliché. On n'a pas juste "le prince" et "le roi", mais un prince guerrier charismatique, et un roi doté d'une famille, d'un entourage, chacun avec son trait de caractère...
On sait désormais quel âge a Loup Silencieux / Solitaire, on en apprend un petit peu plus sur ses réactions et émotions, par touches discrètes mais suffisantes pour l'humaniser et ainsi mieux se projeter en lui. Les annexes révèlent même son nom...

Il y a bien sûr le plaisir des illustrations de Richard Sampson, qui citent souvent les anciennes illus. Le trait est parfois proche de celui de Chalk, parfois s'en démarque. Il y a une petite inégalité d'une image à l'autre, parfois ligne claire et stylisation (à la Chalk), parfois plutôt crayonné et réalisme. L'épaisseur du trait et le degré de finition sont variables. Deux illus sont gores.


Ce tome 1 n'est plus une intro à une campagne, c'est une petite campagne à soi seule.

Je suis gêné par :
l'inflation de la longueur des paragraphes. Le jeu perd le côté alerte et vif du tome d'origine.
comme je le disais au-dessus, un côté dépliant touristique, à force de vouloir insérer dans le récit des précisions qui auraient davantage leur place dans un tome de JDR dédié à l'univers. C'est un peu le même souci que ces films cultes des années 80-90, courts, directs et efficaces, parfois rebootés ou suités dans des versions modernes baroques, bavardes, cherchant à tout expliquer...
l'épisode un peu WTF opposant un aspirant Kaï de 15 ans à une entité cosmique aux pouvoirs gigantesques, dont l'apparition est un peu gratuite (sans lien avec l'intrigue ni impact sur le jeu).
les dialogues parfois peu naturels, avec des formulations plus écrites qu'orales (je ne sais pas si c'est inhérent à la VF ou déjà en VO).
l'énigme du 291, désagréable car ne fait pas appel à la logique ou au ludique, mais à la mémoire... pour se rappeler de choses sans importance : « combien de Gloks étaient à tel endroit ? Et combien de chevaux ? » Comme si l'auteur voulait nous forcer à bien le (re)lire... Bof. Là, le créateur d'énigmes en moi se rebelle.

BILAN : intéressera les fans de la série, un peu comme les commentaires réalisateur d'un DVD. Pour entrer dans la série et la découvrir, le tome d'origine conviendra mieux.

Quelle est la différence entre ces 2 versions augmentées outre que l'un est relié et l'autre broché ?
Les versions augmentées comprennent-elles la mini aventure présente dans la version Mangoose ?
Est-ce la traduction littérale de cette édition anglaise ?
Le combat "légendaire" contre le Gourgaz (45§) y est-il intégré ?

A ma connaissance il n'y a pas de différence majeure entre les deux, ils font exactement 496 pages.
La version prestige/collector (la 1ere) est cependant plus grande : 15 x 3.7 x 21.2cm 690g contre 14 x 3 x 20.5cm 590g.

D'après des avis Amazon sur la version collector, la couverture serait en "dur", avec un papier légèrement glacé, plus agréable que les "v5", et des dessins en reliefs. Ça pourrait même laisser penser à une v6 "collector".

A noter que ces deux bouquins ne disposent pas des illustrations originales, mais elles sont dans le respect de l'esprit original.

Je ne sais pas ce que tu appelles combat "légendaire", mais il y a bien la confrontation contre le Gourgaz, oui.
Il n'y a pas la mini aventure.

En fin de bouquin, il y a notamment des textes bonus : Background, Biographies de personnages connus ou importants, et Mini-bestiaire.

Les combats légendaires de LS étaient des versions "écrites" développées en 45/50 §, alternatives au combat basique avec stats. Seulement deux disponibles, Le Gourgaz du LS1 donc et le Helghast du LS2.
Sûrement des fan fictions (signées d'un certain Zipp Vulcity Dementia) trouvables en pdf il y a fort longtemps sur Xhoromag le site de Oiseau il me semble.

Dommage pour les illustrations car à mon avis le travail de Gary Chalk a contribué pleinement au succès de la série. Mais bon, faut voir.

Et pas de mini-aventure comme dans les Mongoose collector editions donc (en fait seulement à partir du tome 2, le 1 était seulement la version allongée à 550§).

Quant aux textes bonus, je présume qu'ils sont une reprise du matériel édité par le Grimoire pour la version JdR.

Hello, j'ai une question (surement idiote) pourquoi la version prestige/collector, n'est plus édité ? Le sera t'elle à nouveau ? Merci.