La série Sabu to Ichi Torimono Hikae de Shotarô Ishi(no)mori* "le roi du manga" n'était jusqu'ici connue en France que par les n° de l'éphémère revue
Le Cri qui Tue ( Kesselring, par Atoss Takemoto**) qui s'était donnée pour tâche de faire connâitre le manga en France… les temps n'étaient pas encore venus.
Pour ceux qui l'ignoreraient, il s'agit d'enquêtes policières menées dans le Japon du début XIX° siècle par le jeune enquêteur Sabu et le masseur aveugle expert au sabre*** Matsuno'Ichi.
Jusqu'ici, il y avait 6 enquêtes disponibles
2 absolument excellentes:
Le Village de la Compassion dans le Cri n°3 et
Longues Pluies dans le Cri n°4;
2 très lisibles:
Le Corbeau dans le Cri n°6 et
Le vent du nord est comme le hennissement d'un cheval noir: album du même nom;
2 très médiocres: La chaise à porteur dans le Cri n°2 et Neige et Sang dans le Cri n°6
C'était tout; c'était déjà infiniment mieux que ce qui avait été traduit de lui écrit sous le pseudo Ishinomori, soit ( sauf erreur ) la première partie de
l'Économie japonaise en BD ( si ! ) et plus récemment
Cyborg 009 et un très mauvais manga sur Miyamoto Musashi.
Or voici que Kana publie l'ensemble de la série sous la forme de 4 volumes grands et très épais. Du moins, qu'ils publient le premier.
Je vais être très clair: mon opinion sur ce volume est extrêmement négative.
Comme il est logique, il rassemble les premières aventures de nos héros. Et ça se voit. Les dessins d'une bonne partie sont dignes des plus mauvais Tezuka ( devinez auprès de qui il s'est formé ), avec des combats grotesques et répétés. Il n'y aurait que cela, mais la solution de ces soi-disant enquêtes arrive comme un cheveu sur la soupe. Ajoutons les lourdes déclarations moralisatrices et une xénophobie tenace qui ne déparerait pas dans
l'Économie Japonaise…C'est simple, c'en est au point que
Neige et Sang, le dernier de ce volume, en relève considérablement le niveau.
Il n'y a exactement qu'une et une seule information qui vaut qu'on se tape cette collection de nazeries: à savoir que le père de Sabu, comme on le devinait dans
Le village de la compassion sans que ce soit dit expressément, était un samouraï devenu paysan pour des raisons inconnues ET que c'est son assassin, le ronîn Tachikawa que Sabu poursuit dans cette aventure, qui avait enseigné à Sabu le lancer de corde et les armes apparentées. Je vous la donne donc.
Moi, je me doutais bien de la médiocrité de cette chose après l'avoir parcourue, encore que pas dans des proportions pareilles; mais l'ayant trouvée à Gibert Joseph et pouvant donc la restituer contre remboursement dans les 10 jours je ne risquais rien.
C'est assez incroyable de voir de quels bas-fonds cette série a pu s'élever… en résumé, je vous avertis de ne pas le prendre mais que les tomes suivants devraient être infiniment meilleurs. Bien évidemment, si nous partons du principe que la majorité de ceux qui l'ont acheté vont s'en défaire au plus tôt, il est à craindre que les tomes suivants ne soient pas publiés…
That's life.
* Au moment où il a fait cette série, c'était sous le nom d'Ishimori; il l'a transformé en Ishinomori par la suite ( probablement au moment où il a créé
Kamen Rider )
** En réalité, il s'appelle Mitoïchi Takemoto comme tout le monde… il a pris Atoss comme pseudo par référence à Athos des 3 mousquetaires… googlez-le: son autobiographie est amusante
*** Les japonais AIMENT les masseurs aveugles experts en sabre, vous comprenez ?