HOWARD : Conan et bien plus ...

ok merci pour les infos VS

Je trouve les versions de "j'ai lu" très bonnes au passage

C'est par elles que j'ai vraiment découvert CONAN. En fait, CONAN est devenu un personnage commercial. De temps à autre, une maison d'édition sort une nouvelle édition, soit disant "nouvelle", histoire de faire tourner la machine.
Pour CONAN, on ne peut pas aller plus loin : tous les textes ont été récupérés et compilés par Carter et S.DE.CAMP. A moins de découvrir un texte inconnu et oublié par ces deux là, les maisons d'édition ne peuvent rien apporter de nouveau.
Pareil pour les autres héros d'Howard, récupérés par les éditions "fleuve noir" et "néo" et traduites en français par François TRUCHAUT.
A moins de découvrir un texte inconnu, on ne peut que ressortir les mêmes histoires. Seule la traduction peut varier, et encore...

voici un autre bouquin de Howard que je recommande chaudement:

Spoiler:

si jamais ils le rééditent, jetez vous dessus

c'est l'histoire d'un aventurier castagneur comme l'auteur les affectionne tant, teinté de passages érotisants (une première chez Howard)

Un héros trés inhabituel chez HOWARD. Un peu comme les aventures de "Steve Costigan", le boxeur paumé, accompagné de son fidéle bouledogue. Mais c'est vrai qu'Howard aimait beaucoup la boxe.
Le côté "érotisant" est rare chez HOWARD. Si CONAN est un courreur, Solomon Kane est puritain et presque asexué, il est écrit dans "les miroirs de Tunzun Tune" que KULL ne s'interessait pas aux femmes et dans "les dieux de Bal-Sagoth", le héros reste insensible aux avances de la reine barbare.
Le côté érotisant de Wild Bill Clanton est d'autant plus surprenant.
Ajoutons que les héroïnes d'HOWARD ne sont pas plus portées sur la chose : Agnès la Noire refuse toute étreinte d'un homme et Sonia la rousse (rebaptisée Red Sonja) jure qu'aucun homme ne posera sa main sur elle...

Mais il n'y a pas que notre cimmérien. Je reviens au personnage de RED SONJA. C'est en fait une création bien postérieure à HOWARD.
Le personnage créé par HOWARD est Sonia la rousse et l'action se passe lors du siége de Vienne, en Autriche, par les turcs en 1529. Sonia y est une guerrière mercenaire au service des assiégés. C'est d'ailleurs la seule histoire où elle apparaît !
Les "successeurs" d'HOWARD se sont emparés du personnage pour la transposer dans le monde de CONAN où elle devient RED SONJA. Si elle est trés présente dans les BD du cimmérien, elle est complétement abscente de l'oeuvre originale dans laquelle elle n'existe pas.
Un personnage complétement artificiel, créé de toutes pièces, avec son bikini de mailles d'acier improbable. A l'époque de la libération de la femme, les auteurs ont sans doute voulu créer un personnage de femme forte, libre et indépendante.

Perso, je ne connais vraiment Howard que depuis peu de temps. J'avais lu "Conan le conquérant" aux éditions j'ai lu, et c'était tout.

Sur vos conseils, en particulier ceux de Voyageur que je remercie grandement pour son avis éclairé, j'ai approfondi ma connaissance de cet auteur en commençant justement par les Conan version Bragelonne.

Il s'agit d'une tres belle édition, très complète et bien illustrée, complétée par une courte analyse très intéressante de la génèse de la série. Apparemment, le traducteur aurait repris les textes originaux pour éviter les censures, changements arbitraires, etc... qui sont intervenus dans les éditions posterieures à la mort de Howard. Cela, c'est très bien, rien à dire.

Mais il y a un très gros, un énorme problème dans cette édition: la médiocre qualité de la traduction. Répétitions, fautes de frappe, on à droit à tout! Je suis peut-être un peu tatillon mais bon, au prix que coutent ces volumes, on aurait légitimement pu espérer que le traducteur se soit relu une fois, ou qu'il ait utilisé le correcteur d'orthographe!!!

Depuis, j'ai lu des traductions plus anciennes de François Truchaud (celles d'autres volumes du même auteur: l'homme noir et le pacte noir). Personnellement, je trouve qu'elles rendent bien mieux justice au style de Howard, sans comparaison possible. C'est pourquoi j'ai décidé de me procurer les anciens exemplaires plutôt que d'attendre les nouvelles éditions à venir!

bien sûr, François Truchaud est LE spécialiste d'Howard en france, tous les autres ne sont qu'imposteurs

François Truchaud est à remercier doublement : il a traduit les histoires de certains héros howardiens pour les faire connaître en France et surtout, il les a traduites de manière à respecter le style et l'atmosphère du maître, avec sa violence et sa sensualité.
Quand au monde hyborien, Howard l'a calqué sur notre monde, tout en lui donnant une histoire propre et sa chronologie.
Tout commence avec l'engloutissement d'Atlantis. Les survivants fondent de nouveaux royaumes, dont la Valusie où régnera KULL, considéré d'ailleurs comme un descendant des atlantes. Les pictes, à cette époque, forment une race évoluée qui dirige un véritable empire de tribus fédérées.
Puis une série de cataclysmes fait s'effondrer tout celà, et un monde nouveau apparaît, au fil des siècles : le monde hyborien de CONAN. Les pictes ne sont plus que des sauvages désunis et seul le royaume d'Achéron a survécu en devenant la Stygie. Les antiques hommes-serpents d'autrefois disparaîssent, laissant aux stygiens le culte de Seth, le dieu serpent. Bien des siècles plus tard, de nouveaux cataclysmes ébranlent le monde et c'est notre monde qui en émerge. Dans l'esprit d'HOWARD, la Stygie devient l'Egypte, Shem devient la Babylonie, la Zingara l'Espagne, l'Aquilonie la France, la mer de Vilayet devient la Caspienne, Vendhya devient l'Inde et le royaume de Kithaï devient la Chine...

Alors l'Aquilonie c'est la France ? Trop cool, pour une fois qu'un américain nous montre comme les bons !

Sinon, je risque de me faire brûler comme hérétique mais je suis loin d'être fan de Howard comme écrivain; à mon avis, le seul truc bien qu'il ait écrit c'est les Miroirs de Tuzun Thune ( dans le cycle de Kull ) et 2-3 lisibles ici-là ( pour ceux qui ne le sauraient pas, pas mal de ses nouvelles en anglais ont été mises sur le Net ).
Là où il touche au génie, c'est dans ses poèmes - je crois qu'en France on n'a publié que Chants de Guerre et de Mort chez Néo, et je le trouve génial ( là encore, pas mal de ses poèmes ont été mis sur le Net ).

j'ai acquis hier "le chien de la mort" ainsi que "les habitants des tombes", on va voir ce que ça donne

Excellents bouquins, CRAFT. Plus tournés vers les histoires d'horreur et d'épouvante que la fantasy. Dans "les habitants des tombes", j'espère que tu aimeras autant que moi "le cobra du rêve", histoire courte mais implaccable.
Cher ASHIMBABBAR, tu peux trouver d'autres poèmes du maître en français :"Cimmérie", "Ninive, mais où sont tes rêves d'autrefois ?", "la chambre de Belle-Dame" ou encore "clair de lune sur un crâne".

Certes; dans des anthologies de fantasy; mais franchement est-ce qu'on peut traduire de la poésie ?
( sinon c'était CHANTS de guerre et de mort, argh, j'suis vert, comment j'ai pu… )

Je suis d'accord : dans l'anthologie de la fantasy où se trouvent ces poèmes, il y a la version anglaise et la traduction. Je reconnais que c'est pas évident de rendre l'esprit du texte dans une autre langue. On en a un bon exemple avec "Ninive, mais où sont tes rêves d'autrefois", dont la traduction est un peu bancale par moments.

D'autres auteurs ont également pris part aux aventures de Conan comme : Steve Perry, John Maddox Roberts ou Andrew J.Offut

avec plus ou moins de réussite selon les nouvelles, mais ca reste en dessus des originaux d'Howard y'a pas photo

Exact; même Poul Anderson s'y est cassé les dents.
Ce qui prouve qu'il faut savoir rester dans son domaine…

" S'y est cassé les dents". Même si comme je disais je suis loin d'être un fan de Conan, ses histoires ont souvent une énergie furieuse. Ce type n'était pas un charlatan ( le racisme tranquille et les scènes de sm lesbien seront traitées à part, merci [ bah c'est juste un p'tit débordement de l'énergie furieuse… ] ).
Ceux qui se sont mêlés d'écrire d'autres histoires de Conan s'en sont montrés incroyablement dépourvus ( oui, même Anderson, qui devait avoir des payements en retard sur sa voiture ce jour-là ); ils se sont imaginés qu'ils compenseraient en la jouant Hollywood - et que je te rajoute du gros monstre mal fichu et du vilain sorcier en pagaille… Mais quand ça veut pas, ça veut pas.

Et puis je mets un des poèmes d'Howard que j'ai trouvés sur le Net. En deux fois parce que j'ai cru comprendre qu'il y a une limite du nombre de caractères.


The King And The Oak

Before the shadows slew the sun the kites were soaring free,
And Kull rode down the forest road, his red sword at his knee;
And winds were whispering round the world: "King Kull rides to the sea."

The sun died crimson in the sea, the long gray shadows fell;
The moon rose like a silver skull that wrought a demon's spell,
For in its light great trees stood up like spectres out of hell.

In spectral light the trees stood up, inhuman monsters dim;
Kull thought each trunk a living shape, each branch a knotted limb,
And strange unmortal evil eyes flamed horribly at him.

The branches writhed like knotted snakes, they beat against the night,
And one gray oak with swayings stiff, horrific in his sight,
Tore up its roots and blocked his way, grim in the ghostly light.

They grappled in the forest way, the king and grisly oak;
Its great limbs bent him in their grip, but never a word was spoke;
And futile in his iron hand, a stabbing dagger broke.

And through the monstrous, tossing trees there sang a dim refrain
Fraught deep with twice a million years of evil, hate and pain:
" We were the lords ere man had come and shall be lords again."

Kull sensed an empire strange and old that bowed to man's advance
As kingdoms of the grass-blades before the marching ants,
And horror gripped him in the dawn like someone in a trance.

He strove with bloody hands against a still and silent tree;
As from a nightmare dream he woke; a wind blew down the lea,
And Kull of high Atlantis rode silent to the sea.


Alors si quelqu'un est capable de le traduire en rendant la puissance de l'original ( et puis ça serait sympa si ça rimait, aussi )… Eh bien, j'ai toujours rêvé de connaître un/e poète.

Je m'en occupe : j'ai la traduction dans mon exemplaire de "KULL, le roi barbare".

LE ROI ET LE CHENE

Les ténèbres n'avaient pas encore tué le soleil,
Les milans volaient librement dans le ciel,
Et Kull suivait la route forestière, son épée rouge battant contre son genou,
Et les vents chuchotaient tout autour du monde :
"Le roi Kull se dirige vers la mer".

Le soleil écarlate mourut dans la mer, les longues ombres grises descendirent,
La lune apparut, tel un crâne d'argent, engendrant de noirs sortiléges,
Car à sa lueur, de grands arbres se dressèrent, tels des spectres surgis de l'enfer.

Dans la lumière spectrale les arbres se dressaient, des monstres inhumains et imprécis,
Kull songea que chaque tronc était une forme vivante, chaque branche un membre noueux,
Et d'étranges yeux habités par un mal immortel flamboyaient horriblement vers lui.

Les branches se tordaient comme des serpents lovés et cinglaient méchamment la nuit,
Et un chêne gris, en un effort guindé, horrible d'aspect,
Arracha ses racines du sol et lui barra la route, sinistre dans la lumière spectrale.

Une pause coca bien frais et on termine...

Ils se battirent au corps à corps, le roi et le sinistre chêne , sur la route forestière,
Ses grands membres le faisaient plier sous son étreinte,
Mais jamais une seule parole ne fut prononcée,
Et, dérisoire dans son poing d'acier, la dague acérée se brisa.

Et des arbres monstrueux s'agitant, s'éleva un faible refrain,
Exprimant le mal, la haine et les souffrances de deux fois un million d'années :
"Nous étions les maîtres avant la venue de l'homme et nous régnerons encore".

Kull comprit qu'un empire inconnu et très ancien s'était courbé devant l'avance de l'homme,
Comme le royaume des brins d'herbe devant une armée de fourmis,
Et l'horreur l'envahit.

A l'aube, comme quelqu'un en transe, il luttait de ses mains sanglantes,
Contre un arbre immobile et silencieux,
Il se réveilla, comme sortant d'un cauchemar !
Le vent soufflait sur la prairie,
Et Kull d'Atlantis la Fière reprit sa route silencieusement,
Se drigeant vers la mer.

Bah c'est bien ce que je disais: on comprend à peu près de quoi il s'agit mais c'est pas ça ( pasque heu, un chêne qui fait un effort guindé, j'me le représente pas trop… )

C'est vrai que c'est pas génial comme traduction. Mais bon, comme tu dis, ça donne une idée du poème. En tous cas merci, je l'avais oublié celui-là.

La seule bonne traduction d'une poésie que je connaisse c'est celle des sonnets de Shakespeare dans la Pléïade; mais il faut dire que comme ils sont à peine moins médiocres que les pièces, ça a facilité les choses.

Un p'tit dernier Howard pour la route ?

Life

They bruised my soul with a proverb,
They bruised my back with a rod,
And they bade me bow to my elders,
For that was the word of God.

They pent up my soul and bound me
Till life was a living death,
They struck the wine from my fingers,
The passion from my breath.

I reached my hands to living,
They hurled me back into school,
And they said, "Go learn your lessons,
"You innocent young fool."

They yowled till they woke the trumpets --
And the sword blade rent the plow,
And they said, "It is your duty
"To die for your elders now."

They cowered far from the battle
As I went into the strife,
And I spilled my guts in the trenches
In the red dawn of my life.

And the elders named me hero,
But more than their words and ire
Was the scent of a strange wild flower
There where I died in the mire.

Stupéfaction. Stupeur et tremblements
Il me dit rien celui-là. Je suis encore au boulot, mais dés mon retour, je vais fouiller mes archives et voir si je l'ai pas quelque- part.
Enfer et damnation. Un poème d'Howard m'aurait donc échappé ? Je n'ose le croire...

sinon vous avez vu y'a le film "Solomon Kane" qui est prévu pour le 28 octobre 2009 :

quelques infos ici :

http://www.cinemovies.fr/fiche_film.php?IDfilm=15998

Wait and see... Si c'est le gros bon film hollywoodien, bourré d'effets spéciaux... mais bon, à suivre. En tous cas, les bouquins sont trop "forts" pour qu'on puisse les traduire en film. Mais bon, une bonne surprise est toujours possible...