Je viens de lire l'AVH "
Les Maraudeurs" écrite par Gwalchmei. J'aimerais donc faire un petit retour, d'avance pardon si je ne poste pas au bon endroit. Un topic existe sur le forum RDV1 mais pas ici. J'avoue ne pas savoir si je fais doublon ni à quel point les deux sites sont (in)dépendants l'un de l'autre.
Autant être direct : j'ai adoré ce texte. Cette aventure, qui n'a rien d'une noble quête et tout de la déroute, nous met dans la peau d'un mercenaire qui fuit le champ de bataille. Attention, il n'est pas question d'incarner un solitaire mais le chef d'une compagnie. C'est ce qui m'a plu en premier lieu : la dynamique de groupe est palpable, et l'on se sent véritablement entouré d'une bande de soudards qui comptent sur nous pour le meilleur ou le pire.
A cela, et c'est annoncé dès le départ, il faut ajouter que le protagoniste se sait mourrant. Il fait ainsi face à sa conscience, ce qui permet à l'auteur de développer habilement tout un sous-texte réflexif sur la morale d'un homme dont le métier est d'ôter la vie, alors qu'il est sur le point de la perdre.
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"Notre mortalité est notre meilleur alibi pour commettre toutes ces abominations".
Cette sensation de péricliter est si bien retranscrite qu'en tant que lecteur, j'ai moi même ressenti l'urgence du condamné qui doit faire ses tout derniers choix.
Pour ce qui est de la partie "jeu", elle est discrète : les règles sont réduites au strict minimum (10 points de vie, rares objets à ramasser).
Dans son ensemble, l'atmosphère m'a fait penser au Trône de fer : très peu d'éléments fantastiques (on peut même carrément passer à côté) et un point de vue à hauteur d'homme. Le style est flamboyant, les descriptions habitées. Il y a des passages à la limite du gore et des moments suspendus d'une beauté toute poétique. Victor Hugo est convoqué en ouverture du texte, et je comprends pourquoi.
Au rang des choses que j'ai moins aimées, il y a l'emploi ponctuel de mots appartenant à des lexiques très spécifiques et qui m'ont semblé alourdir un peu certaines phrases. Exemples : cuesta, gneiss, thalwegs... Au moins j'ai appris des mots ! Peut-être l'auteur est-il géologue ?
De plus, les lieutenants m'ont paru sous exploités. Je n'ai d'ailleurs pas pensé à en parler avant. Au début de l'aventure, il faut choisir parmi 2 seconds possibles, or leur impact sur le cours des évènements est finalement tout relatif. Certains passage sont quand même facilités par la présence de l'un ou de l'autre.La brieveté du texte est sûrement en cause sur ce point.
Je dois aussi dire que certaines scènes sensibles font tristement écho à l'actualité en Ukraine et que cela m'a parfois rendu mal à l'aise. Et en même temps, je me suis lancé en connaissance de cause dans cette histoire.
La dernière chose, je la mets en spoiler :
- Spoiler:
J'ai eu 3 fins différentes, de atroce ("Coupable ! Coupable !") à douce amère (Mort dans un lit avec Ilona qui veille au chevet), mais aucune qui ne contienne le mot "Fin". Cela vient peut-être du fait que je sois novice dans la lecture d'AVH mais cela m'a un peu gêné. J'aurais aimé savoir si j'avais atteint le terme de mon aventure, ou si j'avais raté quelque chose. Pourtant, je comprends que cela fasse sens en écho à l'esprit tout en nuances de gris du texte.
En résumé donc,
Ce que j'ai aimé :- Le style flamboyant
- La dynamique du groupe
- La sensation d'urgence face à une mort certaine.
- Quelques moments suspendus d'une très grande beauté
Ce que j'ai moins aimé :- Les lieutenants auraient sans doute mérité un rôle plus important
J'ai relevé 2 toutes petites coquilles :
- p.8 "Non pas qu'on lui a coupé" (sauf effet de style volontaire, ne faut-il pas employer "ait" ?)
- p.45 "Qui mont
re droit dans l'air")
Un grand merci à l'auteur pour ce travail d'une très grande qualité ! Il s'agit d'une oeuvre qui mérite vraiment d'être mise en valeur !