NB, concernant cette collection, mon point de vue n'est pas neutre... D'autres lectures et critiques seront bienvenues pour contrebalancer L'album Vivez l'Aventure
Le Pays aux 100 monstres d'Halloween est une oeuvre duale :
Bruno Suzanna au stylo. C'est son seul livre à ce jour, à en croire Babelio et la BNF.
Lucie Dessertine au pinceau, qu'on ne présente plus : elle a créé le plateau de jeu de mon Escape Box Horreur, illustré le livre-jeu de Christophe Gérard
La Malédiction du Baron samedi, autant dire que le genre de l'horreur onirique lui est familier. Je précise onirique car elle n'en a pas un abord gore, ce qui peut surprendre.
CE QUE ÇA RACONTEÇa commence comme une nouvelle de Jean Ray, ou bien comme un roman Chair de Poule : une boutique que nos héros n'avaient jamais remarquée jusque là, une vitrine alléchante, une porte qu'ils regretteront bientôt d'avoir poussée... Car voilà que les deux enfançons, Phil et Flore, sont aspirés dans un cauchemar dont ils aimeraient bien s'éveiller !
Comme d'habitude dans la collection, une double page montre le plan des lieux, le Pays d'Halloween, avec des numéros sur les endroits visitables. On reviendra à cette carte à l'issue de chaque visite, jusqu'à trouver comment s'éveiller de ce mauvais rêve. Les noms sont poétiques, comme le Zoo des Bonbons, où sont dressés les sucreries qui ne veulent pas être mises en sachets. Dans la Forêt des Mandragores, nos héros comprendront pourquoi ce mot ressemble à "dragon" et à "mange" !
Le désormais traditionnel plan en double page. LA MECANIQUE DE JEULes albums Vivez l'Aventure "nouvelle formule" sont des livres dont VOUS êtes le héros illustrés, semés d'énigmes et de jeux visuels pour enfants. D'habitude les énigmes sont plus nombreuses, ici Bruno Suzanna a choisi une parité entre casse-tête et activités illustrées. On aura donc des cherche-et-trouve, des jeux de différences d'images, on devra pointer du doigt sur l'image les yeux fermés, etc. C'est l'originalité de ce tome de la série. La page de solution, assez courte, confirme l'impression ressentie à la lecture : les épreuves sont plutôt moins nombreuses que d'habitude.
Au passage, un indice capital est caché dans le coin de la page 38, dans les titres de livres posés sur une étagère, mélangé avec... les titres de trois albums de la série ! Dont deux signés de votre serviteur. Un clin d'oeil qui me fait plaisir et dont je remercie Bruno et Lucie
Pour déchiffrer les titres, il faut de bons yeux ! Ça tombe bien, il y en a de rechange à vendre... UN ALBUM D'IMAGESLe trait de Lucie Dessertine, artiste numérique, se démarque : chaque page est un grand camaïeu d'une même teinte, sur laquelle des éléments de décor sont soit tracés comme à la craie en fines lignes blanche tremblées, soit incrustés en assez petite taille par rapport au format A4, un peu écrasés par l'énorme paysage de cauchemar. Pour la dernière épreuve, ce sera cette fois une double page blanche qui tranche et montre que les héros sont vers la sortie, perdus dans un brouillard aux volutes menaçantes...
Les deux petits héros, Phil et Flore, ont de délicieuses bouilles joufflues et de grandes chevelures bouclées. Charme vintage recherché, car on dirait à s'y méprendre les personnages d'album que je lisais quand j'étais enfant.
Le flou et les textures sont souvent employés, peut-être un peu trop, au détriment du dessin proprement dit qui se résume souvent à des formes tracées à grandes lignes. C'est entre autres embêtants pour le labyrinthe du marais de la page 23, pas assez réaliste, ou sur le plan des pages 14-15 dont les éléments sont petits, dans un ensemble où les potards de l'onirique sont poussés haut.
MON AVISDu côté + : ça se lit gentiment, en faisant un peu frissonner les enfants, mais pas trop. Après avoir lu toute la série, ce tome-ci se démarque par son esthétique et sa poésie. J'ai apprécié la manière habile de cacher un chiffre dans les entrelacs d'une grille de zoo ! Le prof de français que je suis a de suite repéré l'énigme sur les homophones de noms d'arbres...
Du côté - : les consignes ne sont souvent pas explicites (il y a bien sûr les solutions), les dialogues sont sans incises ce qui fait que souvent on ne comprend pas tout de suite qui dit quoi. Les objets à trouver sont très nombreux, risquant de perdre un peu en route quelques enfants.
Un album qui, comme Le Nuage aux 100 licornes, aussi audacieux visuellement, opère un rééquilibrage de la série vers le monde de l'enfance et le jeune lectorat._