J'ai assez vite lu
Départ d'Eureka, un texte écrit par Felicity Banks en 2015 et traduit de l'anglais en 2020 par Loi-Kymar. Le titre original est très beau :
After the flag fell, « Après que le drapeau fut tombé ». Je suppose que l'autrice est Australienne, puisque le jeu nous fait incarner un héros de l'indépendance du pays, Peter Lalor.
LES REGLESMinimalistes. On choisit un objet de départ et on tient à jour des compteurs de Mauvaise Santé, Confiance, Adresse au Tir, etc. qui démarrent à zéro.
Le but est d'atteindre un ou plusieurs objectif parmi 8 : soigner son bras blessé, se marier, devenir riche, etc.
L'histoire commence
in media res : des mineurs cosmopolites révoltés contre les Britanniques qui prétendent imposer une nouvelle taxe --Gilets Jaunes, éco-taxe carburant, tout ça-- des mineurs donc, ont combattu à Eureka, ont été dispersés par la troupe. Gravement blessé au bras, notre héros s'enfuit avec vaillance. Se jettera-t-il dans le bush, ou dans la nacelle d'une opportune mongolfière ?
LES OBJETSUne originalité, on peut acquérir un à un 7 objets faits de métaux différents (cuillère en étain, boîte en fer, montre en argent, médaillon en aluminium, etc.) dont chacun a un pouvoir magique tel que donner confiance, rendre la santé, etc. Ça m'a rappelé avec plaisir la série
The Lost Room, dans laquelle des gens tentent de rassembler les Objets, des choses de la vie quotidienne chargées de magie suite à un mystérieux événement dans un motel.
IMPRESSIONS DE LECTUREUn texte curieux, à la volonté littéraire affichée. C'est rédigé au passé simple, tous les événements sont vus au prisme de l'Histoire avec un grand H et de l'Exemplarité avec un grand E. Même les "rendez-vous au" en portent la marque :
- Citation :
- Choisissez :
- Il était vain de se battre pour changer une nation. Je décidai de ne me battre que pour mon propre compte... rendez-vous à la Page 34.
- Nous avions perdu à Eureka, mais nous avions gagné les cœurs. Je décidai de rassembler des hommes avec moi et de me battre pour une Australie indépendante... rendez-vous à la Page 35.
Le jeu n'est pas difficile, il peut se refaire plusieurs fois pour explorer les possibles et tenter d'atteindre tous les objectifs, ou trouver tous les Objets. Plusieurs fins plus ou moins heureuses existent.
Pendant ma lecture, je ne sais pas si c'est l'abus de rosé ou mon esprit taquin, mais je trouvais à bien des phrases une tournure déclamatoire, ostentatoire, presque comique parfois. J'avais l'impression curieuse d'un récit conté à la façon de François Rollin dans
Kaamelott, le roi qui s'écoute causer et conclut toutes ses phrases par des citations latines. Deux exemples parmi d'autres :
- Citation :
- « Elle était donc riche, elle aussi. Je ressentis une vague de fierté à la pensée que notre Croix du Sud avait réuni une telle combinaison de gens de bien. » (on dirait un jeu de mots involontaire entre "être qqun de bien / avoir du bien")
« J’errai à travers le bush... J’étais alors à peine lucide, oscillant entre conscience et inconscience. Dans un rêve délirant, j’imaginai le suffrage universel. »
Le texte a visiblement été amoureusement relu car je n'y ai trouvé aucune coquille, aucun bug manifeste, que Loi-Kymar soit remercié pour son travail de traducteur !