Du point de vue littéraire, scénario et style, c'est très bon. Du point de vue ludique, pas mal mais quelques regrets. Donc si on fait la moyenne, c'est une bonne AVH. ^^
Le plus gênant à mon sens est peut-être la longueur des sections, bien denses en moyenne, ce qui amollit sérieusement le rythme quand on est dans des passages plus calmes. Et des passages calmes, il y en a forcément dans une aventure de "déplacement" dans un univers froid et tout sauf tumultueux comme l'Hadès.
Mais en contrepoids à ce défaut, l'aventure n'est pas très linéaire. De nombreuses scènes inédites se découvrent à la relecture quand on varie les chemins ce qui maintient la tension.
Les choix sont un petit peu limités à mon goût. Soit des tests soit des possibilités de chemin ou entre deux attitudes seulement. Là encore le scénario de "déplacement" impose fatalement de réduire les options possibles pour rester dans 50 sections tout en proposant des séquences variées et plusieurs voies possibles.
Le système de jeu est à la fois simple et sympa. Il m'a rappelé Horreur à Arkham avec ces succès à atteindre sur 5 ou 6. Au final je n'ai pas beaucoup lancé les dés. Quant aux appellations grecques pour les caractéristiques, je me mélangeais parfois les pinceaux car menos me rappelait mental et phrenos le physique...
Pour terminer sur le jeu, j'ai réussi à atteindre l'épilogue à mon troisième essai, donc une difficulté parfaite pour une mini-AVH. Mon premier échec entouré par les faunes est mémorable! Surtout quand j'ai découvert le fin mot de l'histoire a posteriori, ça explique d'autant mieux pourquoi on perd connaissance avant de subir les sévices... Je suis mort ensuite devant la statue d'Hécate.
J'ai pris du plaisir à lire la prose de Jehan. Un véritable effort est fait pour rendre le style riche, avec des tentatives de métaphores ou des descriptions poétiques. Quelques maladresses par ci par là mais au final c'est bien écrit. Surtout j'ai beaucoup aimé la grande variété dans le vocabulaire. Je suis allé de nombreuses fois dans le dictionnaire. Loin de m'agacer cela m'a stimulé de découvrir tous ces termes inconnus (et je ne parle pas de mots grecs).
Enfin, l'histoire est vraiment chouette et surprenante. Un scénario à la Outremer pourrait-on dire dans sa volonté de dérouter puis ébahir le lecteur.
J'ai beaucoup aimé le fond. Même si la confrontation finale est très littéraire au point de ressembler à un passage de roman (au niveau longueur sans choix à faire), ce sujet du désir d'oubli pour ne plus ranimer sans cesse les fantômes du passé m'a beaucoup touché. Ensuite, le retour à la réalité un peu satirique mélangé de considérations philosophiques frôle très légèrement le too much, ça fait beaucoup d'aspects mélangés dans le même panier (mythologie grecque, blessure de l'enfance, science-fiction, touche finale anti-consumériste).
Mais il en reste au final une impression positive, de sensibilité, de sérieux et d'originalité.