Héros et point de vue dans les avh

Bon, je ne cacherai pas mon ambition d'écrire des avh (puisque j'ai aussi l'ambition infamante d'écrire aussi des histoires plus conventionnelles), et comme certains hommes politiques en campagne, je vais lancer une série de consultations en ce sens. Cette question porte sur votre préférence en tant que héros d'avh et la façon dont vous le percevez, vous, lectorat éclairé.

J'ai tâché de lister les avantages et inconvénients inhérents à chaque type de héros du point de vue de l'auteur d'une avh:

personnage impersonnel

avantages:

*facile de s'identifier à, lui (homme ou femme, jeune ou vieux).
* Moins de travail en amont pour l'auteur.

Inconvénients:

* aventures plus impersonnelles.
* point de vue très général, notamment sur la forme (problèmes d'accord masculin / féminin etc).
* manque d'"âme" de l'aventure ou du cycle.

Personnage défini pour 1 livre ou une série:

avantages:

*plus facile de s'identifier si on aime le héros
* plus d'âme pour le personnage comme pour le cycle ou le livre

Inconvénients:

* plus de travail en amont
*obstacle si le lecteur n'aime pas le personnage ou ne s'y identifie pas
* si le livre est un "one shot" pas d'expérience possible.

Personnage défini par sa classe ou sa carrière seulement:

Avantages:

*plus simple de s'identifier puisque le lecteur a fait le choix de carrière
* spécificités de carrière / classe intéressantes à jouer

Inconvénients:

*obligation de bien penser les règles
*personnage sans âme, très "donjons et dragons"
* complexifie le jeu et la rédaction des paragraphes.

Plusieurs personnages définis et pré-tirés

Avantages:

*donne un choix au lecteur pour s'identifier.
*donne une âme à la série ou au livre
* Plus attrayant en général.

Inconvénients:

* Beaucoup plus de boulot en amont pour l'auteur
*côté casse-gueule pour la rédaction du texte (sinon trop bateau, obligation de paragrahes personnalisés etc).

J'ai opté pour le choix 4 : on a ainsi le plaisir de rejouer l'aventure avec un personnage réellement nouveau.

C'est un problème compliqué. J'ai voté pour le choix 3 mais toutes les solutions proposées sont possibles si elles sont bien faites.
Je pense que pour une série fantasy comme les DFs, le héros quasi impersonnel était une bonne solution car on avait déjà les points de repères classiques de la fantasy.
Si je devais faire un choix, au final je pense que je préfère un héros avec SANS nom, sans description physique, mais avec une classe de personnage bien identifiée :
ex :
- Chasseur de démon dans la Vengeance des Démons
- Voleur dans Les Rôdeurs de la Nuit
- Ninja dans la Voie du Tigre
- Seigneur Kaï dans Loup Solitaire (mais il est nommé)

En effet je suis très friand des compétences/disciplines que le lecteur choisit en début de tome :
cela permet de personnaliser son héros, de se l'approprier.
Et surtout, cela offre des possibilités très intéressantes quand on recommence l'aventure avec d'autres compétences : bref une bonne rejouabilité.
Par contre cela implique que les compétences/disciplines soient bien équilibrées et qu'elles se valent à peu près toutes, donc c'est compliqué à gérer.

J'aime bien avoir un métier ou une classe bien claire car au final, quand on a fait une quarantaine de DF fantasy classiques avec le même héros lambda, quels sont les bouquins qui nous ont le plus marqué avec le recul ? Pour moi, c'est souvent ceux où l'on incarnait un héros qui avait ses propres caractéristiques.
La Créature venue du Chaos, le Pirate de Défis Sanglant sur l'Océan, Le Mage de la Citadelle du Chaos, Le Sorcier dans Sorcellerie etc ...

Je me suis abstenu (le mec chiant...) car, comme l'a si bien dit Vic, chaque choix proposé peut se révéler intéressant.

En fait, pour moi, j'aime les personnages complexes, j'ai horreur des personnages manichéens, tout noir ou tout blanc ou impersonnels et "passe partout".
J'apprécie donc un LDVH ou une AVH qui permet à son lecteur de faire certains choix et sans lui asséner un bon point ou un sermon après. Défis sanglants sur l'océan permet d'incarner un "salaud", Le marais aux scorpions permet de choisir qui l'on veut servir... Je pense que c'est à l'auteur de donner le maximum de possibilités à son lecteur, sans jugement par la suite. Le lecteur peut ainsi avoir un choix qui correspond à sa personnalité et celà aide à l'immersion ou l'identification.
Par exemple (sans trop spoiler), dans ma trilogie, il y aura certains choix pas toujours moraux selon les standards habituels, le lecteur sera libre de les faire ou non. Dans L'île des dieux sauvages, je donne la possibilité à un moment de s'emparer d'un gros trésor et de se barrer en laissant là l'aventure et en laissant les autres se démerder tous seuls. Oui, ça peut surprendre, mais pour moi, c'est réaliste et crédible, pourquoi le joueur serait-il toujours un saint irréprochable ?
Proposer un grand éventail de choix, moral ou pas, est pour moi obligatoire : cela donne au lecteur une grande liberté et plus de chance de s'identifier avec le héros.
Pour en revenir à la question en elle même, j'aime bien un peu de background sur le héros que l'on incarne.
Le truc qui tue pour moi, c'est de décrire physiquement le héros que l'on incarne ou de le représenter en illustration : étant brun, barbu et la peau mate avec les cheveux courts et les yeux marron, je n'ai jamais réussi à m'identifier à Loup Solitaire, à son type scandinave et ses longs cheveux blonds bien que j'adore cette série. Il ne faut pas décrire le héros, de manière à ce que chacun puisse se l'approprier et s'y identifier, je pense.

Bon a priori, et c'est intéressant, la première tendance qui se dégage est que vous préférez un héros "modulable" avec des capacités, des sorts (éventuellement), des talents voire des équipements plus ou moins à la carte, mais équilibrés. Il ne faut pas que ce héros soit trop décrit car il faut s'immerger dans le livre et s'identifier (le lvdleh invite à vivre l'aventure), sauf peut-être certains qui aimeraient incarner un ou plusieurs personnages bien définis mais pas forcément trop décrit. Dans tous les cas, il faut une motivation claire pour vivre l'aventure, en dehors du simple aventurier chercheur de trésors et de quête (enfin, ça peut être assez amusant si on revisite le concept).

En ce qui me concerne j'avais comme idée une série de fantasy où l'on incarne des espions / agents royaux qui résolvent des enquêtes dans un univers genre "fin du Moyen-âge", du coup, j'avais créé deux personnages: un masculin, un féminin, mais après, on peut parfaitement imaginer la possibilité de "fabriquer" son héros comme un meuble Ikéa!^^

Au fait (et désolé du double post) mais notez que j'ai laissé plusieurs choix possibles pour ce sondage.

J'ai voté le choix 1 pour les aventures en un seul livre qui ne laissent pas trop le temps de développer le personnage en lui même, l'identification doit être rapide et pour cela le meilleur moyen est d'avoir un héros impersonnel qu'on modèle au fil des choix qu'on fait dans le livre et de l'image que l'on s'en fait.

Et le choix 3 pour des séries plus longues (exemple avec le ninja de la Voie du Tigre) qui permet de créer des règles propres au métier ou à la classe avec évolution possible du personnage d'un tome à l'autre notamment par l'apprentissage de nouvelles disciplines ou l'augmentation de caractéristiques.

Bon je crois qu'en dehors des "one-shot" où le héros impersonnel semble plus approprié (il est moins important que ce qui lui arrive), pour les séries, il se dégage nettement une préférence pour un personnage "modulable" en termes de talents, voire d'équipements, doté d'une carrière ou d'une classe (ses motivations pour l'aventure sont alors claires, en dehors de la chasse au trésor), d'un nom ou d'un surnom ( les pnj peuvent l'interpeller par son nom ou son surnom s'ils le connaissent, plus facile à gérer pour écrire les interactions).
Ce personnage ne doit pas être trop décrit pour pouvoir s'imaginer à sa place (même si ça peut-être un challenge d’incarner un pré-tiré, un joueur préférera toujours SON personnage à celui de l'auteur) et, après tout, si on s'en tient à un surnom, on peut aussi bien imaginer un homme qu'une femme (comme ça a été dit dans un autre sujet, "loup solitaire" peut être aussi bien "louve solitaire", "astre d'or" "étoile d'or" etc.).

Choix délicat s'il en est.

Un personnage "blanc" risque moins d'être repoussant qu'un personnage "défini", mais il est également impersonnel et peut tout aussi bien nuire à l'immersion de par précisément son manque de caractère.

À l'inverse, un personnage défini peut tout simplement ne pas être intéressant pour le lecteur et le faire fuir.

Dans l'idéal, je préfère un personnage fortement défini. Cependant, et la condition est délicate, qu'il me plaise. Ce dernier critère étant fortement subjectif, il est délicat à utiliser.

Napalm a écrit:

Bon je crois qu'en dehors des "one-shot" où le héros impersonnel semble plus approprié

Pourquoi dans un one shot le héros doit-il être transparent ? J'suis pas d'accord avec ça. Un héros transparent sera légèrement chiant dans un one shot, très chiant dans une série. Mais chiant tout de même... À mon sens, un héros sans âme ne retiendra que très peu mon attention et mon intérêt pour sa survie.
C'est pour cela que je préfère les héros au background détaillé, même pour un one shot. Et le coup de s’identifier à lui, ce qui peut plaire ou déplaire aux lecteurs, justement je ne trouve pas que ce soit un inconvénient, au contraire, même si on joue la pire des raclures, on doit pouvoir s'évader en lisant et jouer un rôle inhabituel, une sorte d'exercice de théatre obligatoire imposé par l'auteur.
Enfin à mon goût hein !

Objection intéressante, incarner un héros bien défini, ce peut être un défi tout comme on suit le héros d'un livre plus classique (bien que certains lecteurs abandonnent la lecture d'un livre ou d'un cycle lorsqu'ils n'aiment pas le héros).
Bon, en tout état de cause, avant de se lancer dans une série avec un héros "défini" il vaut mieux commencer par un tome 1, voire par une nouvelle-jeu "pilote" pour voir si la sauce prend. Il me semble que la plupart des héros des nouvelles-jeu de la revue "héros" sont décrits et nommés d'ailleurs.

sunkmanitu a écrit:

Et le coup de s’identifier à lui, ce qui peut plaire ou déplaire aux lecteurs, justement je ne trouve pas que ce soit un inconvénient, au contraire, même si on joue la pire des raclures, on doit pouvoir s'évader en lisant et jouer un rôle inhabituel, une sorte d'exercice de théatre obligatoire imposé par l'auteur.
Enfin à mon goût hein !

Attention, le problème de ne pas aimer un personnage défini n'est pas vraiment une histoire de jouer une raclure ou pas. Cela peut être qu'on le trouve fade et inintéressant (mais sans avoir l'excuse/la liberté d'imagination qui va avec un personnage non défini), ou qu'il nous horripile, ou qu'on n'arrive tout simplement pas à s'identifier à lui, ou qu'on doit jouer un rôle qui nous répugne.[/quote]

oui, je crois que Akka a bien retranscrit mon idée: le perso qui peut paraître méga cool à l'auteur peut aussi insupporter le lecteur pour différentes raisons, le plus souvent subjectives (sa classe sociale / son historique / sa gueule / sa façon de s'adresser aux Pnj agacent le lecteur, un lecteur black ne s'identifie pas à un grand blond nordique, une lectrice à un "machisto" chevauchant dans la poussière etc). Il ya sans doute des héros de roman qui vous sortent par les trous de nez, non?

Au niveau LDVH, j'ai eu ce problème avec Loup Solitaire, série que j'aime énormément pourtant.

- Je n'ai jamais réussi à m'identifier à lui physiquement, étant loin d'avoir le type nordique et de longs cheveux blonds...
- Son côté manichéen, preux chevalier défenseur de la veuve et de l'orphelin que Dever nous impose par moments m'a toujours profondément gonflé également.

C'est pourquoi je l'ai toujours joué comme quelqu'un d'extérieur.